Un autre monde : neige sur Mars…en juillet.

Réveil au refuge :

Petit matin au refuge de Dreki, à Askja en plein centre de l’Islande, en cette fin juillet.
Pas dérangés par les voisins aux alentours et pour cause : pas âme qui vive à des dizaines de kilomètres à la ronde… quoique hier, un bus haut sur roues est arrivé et une dizaine de tentes vertes type igloo se sont montées près de notre bâtiment ; il semble que ce sont des élèves guides en stage. Ils ont couché à la dure, sur le sol et sous la tente !
Nous on profite de notre minuscule chambre à l’abri dans le refuge… et encore prévue pour 6 personnes, mais heureusement pour nous, les deux dernières ne se sont pas présentées !

Mini chambre au refuge du Drekki

Petit coup d’œil par le rideau qui occulte la fenêtre ; surprise : une fine pellicule blanche de neige recouvre le sol et le toit avoisinant ! Il a neigé dans la nuit à 700m d’altitude ici sur le Drekki en cette fin de juillet, et pour aller au bâtiment voisin des toilettes il faudrait passer dehors à pas loin de 0°C. Heureusement on en a découvert dans le bâtiment, et s’il n’y fait pas chaud, on y reste d’autant moins longtemps…
Le temps de déjeuner et de remballer nos affaires, le refuge s’est complètement vidé ; le poêle ronronne avec sa marmite d’eau chaude dessus.

La salle commune du refuge.

Pendant le déjeuner, un garde du parc est venu parler avec nous et demander où nous allions, il nous a conseillé pour aller voir la gorge de Drekagil et surtout il nous a informé qu’un gué vers l’Herdubreid était très haut ; comme on comptait passer là pour le retour, il nous conseille d’aller nous rendre compte sur place, on peut randonner et voir par nous-mêmes si c’est passable.

On se prépare à affronter le froid et on commence par charger nos bagages dans la Land Rover, puis direction vers la gorge de Drekagil « la gorge du dragon » juste derrière le chalet, d’où s’échappe un petit torrent qui passe derrière les bâtiments du refuge.

Drekagill, la gorge du dragon.

Dans la gorge du dragon :

Le sentier part sur la droite avec la canalisation de prise d’eau pour le chalet, et remonte le long de la gorge aux parois de lave noire parsemé au fond de pierre ponce jaune, et de neige sur les dessus…
Est-ce utile de préciser que l’eau est glacée ?

Le torrent qui alimente le refuge.

Des formes fantastiques de lave sur les dessus ont dû faire fantasmer les premiers explorateurs pour lui attribuer ce nom de « gorge du dragon ».

Partout des laves noires déchiquetées, quelques fois comme des gargouilles, on monte et descend au gré des rochers sur le bord, un passage dans un névé de neige, puis la cascade apparait au fond de la gorge.

Elle tombe en hauteur dans un bassin au milieu de la neige et des rochers avec quelques traces de mousse verte. Des variations de couleur de la lave entre noir, gris et rouge enlèvent un peu de sévérité à l’endroit.

Au fond de la gorge : la cascade.

Retour vers le refuge toujours sous les formations de laves : tours, trouées, pitons qu’on n’a pas vus à l’aller. Cela donne vraiment l’impression de mottes projetées et solidifiées telles qu’elles.

Le torrent court au fond de la gorge, quelques fois sous d’épaisses plaques de neige, tantôt on le surplombe tantôt on passe juste à côté par le sentier qui nous ramène au refuge.

Tous les véhicules sont partis, il ne reste que notre Land Rover et celui des gardes du parc de Vatnajökull lorsqu’on embarque pour la prochaine halte : le refuge de Kverkfjöll, en bordure du glacier.

Retour au refuge.

Kverkfjöll « les montagnes de la gorge »

Depuis le refuge du Dreki, notre but est d’aller plus au sud vers le glacier du Vatnajökull ; ça nous semble bizarre d’aller au sud pour trouver un glacier mais c’est un des paradoxes de l’Islande, mais pas plus que la neige à 700m d’altitude ce matin de Juillet…
Nous tentons d’abord d’aller jusqu’ à L’Herdubreid, « la reine des montagnes » comme elle est surnommée, malgré le mauvais temps, mais nous avons décidé de ne pas tenter la chance avec un passage de gué risqué comme nous en avons discuté avec un des rangers du parc.

La route file au nord sur l’autre rive de la Jökulsa, parfois dans un tapis de ponces ocre au pied de monts noirs perdus dans les nuages, parfois entres champs de lave bombés, arides et sablonneux de cendres.

Et même sans personne à la ronde à des kilomètres, on fait des rencontres inattendues comme ce bus au passage d’un dos d’âne ; heureusement qu’on faisait une halte photo ! Mais tout se passe toujours bien sur les pistes en Islande : croisement, manœuvres, passages de gué, il y a toujours de la compréhension et de l’entraide.

Passage de bus…

Par endroits on vient flirter tantôt avec le pied de montagnes balafrées de ponces et de neige, ou le cours de la Jökulsa, calme ici par contraste avec son cours en aval.
Finalement on renonce à atteindre le refuge de l’Herdubreid : le plafond de nuages bas qui entoure le mont éponyme et de la neige sur ses flancs ne sont guère encourageants, on n’aurait pas vu grand-chose !

Plafond bas !

Descente plein sud vers le glacier, par la même route qu’hier, piste zigzaguant entre les montagnes tabulaires, décor ocre, gris toujours très minéral.

Piste dans le désert

Passage du pont sur la Jökulsa tumultueuse, puis à présent dans une plaine noire et sableuse aux formes adoucies. Quelques collines noires aux traces vertes de mousses semblent se teinter de rouge par endroits.

Le fleuve Jökulsa plus modeste qu”en aval…

La route continue immuable dans les sables parsemés de rocs éparpillés, curieusement, sur le sol il semble que les graviers et cailloux sont incrustés dans le sable pour former un revêtement style « granito » ; résultat de l’action des glaciers ou érosion ?

Granito islandais.

Panorama sur l’Oddarhaun : (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Subitement la route qui ondulait jusqu’à présent entre les rochers vient se heurter à ce qui semble être une muraille de plusieurs mètres de hauteur : une immense coulée de lave de couleur foncée qui se détache sur la grisaille des rochers ambiants.

une coulée de lave barre la route ?

La route se fraye un passage à grands coups de lacets, montagnes russes pour un passage optimum entre les monticules de laves sombres et déchiquetés dans cet environnement dantesque.

Peu de végétation dans ce désert.

La route continue « au-delà du Mur » comme dans Game of Thrones, sauf qu’il ne s’agit pas d’un mur de glace – ou pas encore – mais de laves ; et sans sauvageons… Quant aux spectres, la mythologie islandaise s’en charge, les silhouettes fantasmagoriques du paysage n’y sont pas pour rien !

Paysage aux silhouettes fantasmagoriques.

La piste passe par des vallées lugubres où l’on penserait être les premiers explorateurs, si ce n’étaient les autres traces de pneus qui marquent le sol. Au loin, des montagnes fantomatiques émergent de la brume, plan après plan.

Un carrefour, des panneaux : Kverkfjöll 17 km ; décidément ça se mérite et on n’y vient par hasard ou sur un coup de tête…

Route vers Kverkfjöll .

(Land) Rover sur Mars :

Le spectacle de la route vaut à lui seul le déplacement : nous roulons à présent sur une piste rouge carmin, faite de scories rouges entre les rochers de lave noire avec un dégradé de monts gris enneigés se perdant dans la brume en arrière fond. Spectacle garanti !

Piste de scories rouges.
En rouge et blanc…

Un dôme de scories présente lui aussi des variations de teinte dans les rouges, il est peut-être à l’origine de ces scories rouges, une tache rouge vers le sommet et des rayons qui s’en éloignent d’un côté.

Enfin la piste rouge brique surplombe une immense plaine étendue limitée par une barrière blanche à l’horizon : le glacier Vatnajökull.

Au fond : le glacier Vatnajökull.

Kverkfjöll

C’est en fait un massif volcanique sous-glaciaire, encore actif dû à la présence de magma à proximité sous la surface. Sa température provoque des rivières d’eau chaude sous la glace qui s’écoulent dans cette région en créant des grottes, qu’il ne faut pas explorer en été sauf à être accompagné par des rangers du camp, car il y a déjà eu des accidents mortels.
Un des plus hauts volcans culminant à 1860m s’y trouve dans une caldéra de plusieurs dizaines de kilomètres sous la glace.

La piste plonge et on la voit se dérouler jusqu’à deux baraquements : le refuge de Sigurðarskáli.

Le refuge de Sigurðarskáli.

A notre arrivée nous sommes le seul véhicule sur le vaste parking, le site se compose d’un bâtiment principal, d’un autre pour les toilettes –qu’on investit- et d’une zone de camping, le tout dans un peu de verdure qui s’accroche farouchement…

La petite maison sur la prairie.

Renseignement pris auprès de la ranger présente, il faut encore une vingtaine de minutes en voiture jusqu’au glacier et la vue n’est pas fameuse aujourd’hui. Et la température ambiante est de 4°C ! Après une courte halte photo on rebrousse chemin et on rembobine le film de l’aller à l’envers…
Piste rouge, collines veinées sous la pluie fine à présent, montagnes pyramidales solitaires émergeant de la rocaille dans la brume, telles des mésas du Colorado.

Le sol est grêlé des scories rouges sur le fond noir de cendres sablonneuses, qui disparaissent peu après pour laisser place à une grisaille uniforme jusqu’au mur de lave qu’on contourne à l’envers.

Traversée à travers des cendres noires en slalomant car la piste évite les plus gros blocs de lave difforme, comme des icebergs pétrifiés dans une mer de sable. La piste trace son chemin dans des paysages époustouflants tantôt colorés à outrance par les scories rouges…

Paysage tantôt martien…

…tantôt à travers des déclinaisons de gris et noir, pas besoin de « pellicule » couleur, la piste ondule entre des monticules lunaires et des montagnes fantomatiques qui émergent de la brume.

Paysage tantôt lunaire….

On retrouve la piste F910 de l’aller à proximité du pont sur la Jökulsa, puis on remonte vers le nord pour rejoindre la civilisation avec la RN1.

Un autre type paysage à présent, des laves arrondies, cordées et non plus déchiquetées, dans un cadre de pierre ponce ocre, on avait presque perdu l’habitude de la couleur.

Pont sur les rivières, bouquets d’orgues basaltiques on retrouve tout sous un autre angle de vue et un autre éclairage. Les gués ne sont plus qu’une formalité depuis le brevet « passe-gué ».

Passage de gué : facile !

Le temps s’est levé est la visibilité s’agrandit, on entrevoit même des « doubles » montagnes solitaires, c’est dire !

Un peu de circulation, nous n’avons quasiment croisé personne sur la piste depuis le refuge de Kverkfjöll, un 4×4, un bus, avec les presque rituels passage de gué qui ponctuent la remontée.

C’est au travers d’espaces infinis et désertiques de cette étendue sauvage, ponctués de pierres et de rocher qu’on remonte quasiment en droite ligne vers le nord pour rejoindre notre circuit.

En ligne droite !

Retour à la civilisation sur la RN1 et aux couleurs, qui passe par des monts chatoyants et couverts de verdure, qui donnent un effet pastel au paysage. On en avait presque perdu l’habitude !

Le pont suspendu sur la Jökulsa se présente, au passage le fleuve a forci et gagné du volume avec ses affluents et les récentes pluies…et neige.

Le cratère de Hrossaborg

Arrivée au cratère de Hrossaborg.

Prochaine halte : le cratère de Hrossaborg, ou « château des chevaux », car on y rassemblait auparavant les chevaux à l’automne. C’est un immense amphithéâtre quasi circulaire, né d’une explosion il y a 10 000 ans entre une montée de magma et le fleuve tout proche. Cratère de scories et téphras pratiquement circulaire, de 500m de diamètre il impressionne par ses dimensions et sa régularité et par le fait qu’on peut y pénétrer !

Panorama dans le cratère Hossaborg
(cliquer sur l’image ci-dessous)

Panorama dans le cratère Hossaborg (cliquer sur l’image)

C’est en effet un cratère égueulé mais qui a été comblé par les débordements de l’omniprésente Jökulsa et qui a servi de lieu de tournage au film Oblivion, avec Tom Cruise (l’endroit est censé être un ancien stade de football américain détruit par des extra-terrestres, où il répare un drone…), un très bon film de SF pour moi ! Et ce qui ne gâte rien, avec une très belle musique du groupe français M83 .
( A écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=05GPiKPylHY)

Regardez cet extrait d’Oblivion tourné dans le cratère jusqu’à 3:30 :
https://www.youtube.com/watch?v=B39L_tu0PjE
Ça ne vous rappelle rien ?

L’ampleur et la solitude du lieu impressionnent (comme dans le film d’ailleurs), d’autant plus que nous sommes seuls ; pas même un chien abandonné comme dans le film…le cratère est à un jet de pierre de la RN1, mais il est apparemment peu connu.

Par contre, il y a toujours du monde plus loin à Namaskard, sur le site de Namafjall pour admirer ses couleurs cristalisées, ses vasques de boue bouillonnante et ses fumerolles perpétuelles . La vue sur le lac Myvatn se dévoile d’un côté et « l’usine qui pue » – comme on l’a surnommée- et son lac azuréen de l’autre.

Couleurs et odeurs…

Demain, une grosse étape nous attend, et même LA grosse étape : la piste Sprengisandur ou F26 qui relie le nord de l’Islande depuis Godafoss, jusqu’au sud à Hrauneyjar près du Landmannalaugar, en passant entre deux glaciers sur 250km. Il est indispensable de refaire le plein, et de la voiture et de vivres pour plusieurs jours, car on ne trouvera rien pendant plus de 2 jours !

Les moutons c.. au milieu de la piste !

Toujours des moutons c.. au milieu de la piste ! Ils sont en liberté du printemps jusqu’à l’automne, où a lieu le rassemblement pour les trier par propriétaire, dans des grands enclos ronds qu’on rencontre souvent sur la côte sud de l’île.
Au fait pourquoi restent-ils au milieu de la piste alors qu’il ne manque pas de place ailleurs ? C’est en fait dû au sel répandu sur la neige en hiver qui s’accumule dans les creux et flaques d’eau, et dont les ovins sont friands, a-t-on appris plus tard…

Etape à Laugar :

Halte à la capitale locale, à la supérette bien fournie, et c’est rassurés qu’on va terminer notre périple du jour à Laugar près de Godafoss en passant devant des serres illuminées, chauffées par géothermie, qui produisent des légumes dont les islandais sont très fiers, et qu’ils exportent même. Et même des bananes !

Serres chauffées par géothermie.

Nous arrivons tard, mais la maitresse de maison accepte aimablement de nous cuisiner rapidement des truites au four, énormes et délicieuses, et une salade avec de la truite fumée par son grand-père, tendre comme du beurre ! Un repas et un accueil mémorable…

 Nous passons la soirée à parler avec les jeunes propriétaires, d’où nous venons, de l’Islande (saviez-vous qu’il y a à peu près 3 fois plus de moutons que d’islandais), de la météo actuelle (sujet universel…).
C’est le pire été depuis 1996 parait-il (on en avait comme un pressentiment…) de ce fait, des éleveurs ont dû aller dégager des moutons pris dans la neige jusqu’au cou.
Et on finit la soirée autour d’un whisky offert par son mari ; quelle réception ! Ça sera de loin notre meilleur B&B de tout le séjour…

Vue imprenable et reposante sur la région depuis les baies vitrées de la maison, au loin la RN1 et sa circulation (une voiture toutes les 10mn le soir…) pour un repos mérité dans une grande chambre de la maison. Demain petit déjeuner matinal demandé pour partir à 8h30 et affronter la piste Sprengisandurs, ses gués et ses surprises !

Un autre monde : atterrissage

Après plusieurs heures de voyage, l’aéronef a traversé les couches supérieures de l’atmosphère et navigue à présent dans une bande nuageuse sans visibilité. Soudain des ilots inconnus émergent de l’océan, qui prend des couleurs dorées sous la pâle lumière de ce soleil qui ne se couche jamais tout à fait ici à cette époque.

Sous la pâle lumière de ce soleil.

Ilets aux contours torturés, déchiquetés et sombres, comme jetés au hasard, battus par les flots d’écume blanche sur les rochers noirs. Après avoir infléchi sa course, des grondements et des vibrations dans la carlingue indiquent que l’atterrissage est proche.
Une côte rocheuse, découpée et noire, se dessine en dessous : le sol est irrégulier, couvert de laves sombres grumeleuses formant une surface inégale sans trace de végétation si ce n’est des mousses aux couleurs de rouille.
Ca et là des jets de vapeurs fusent du sol, parfois domestiqués par des installations métalliques d’où jaillissent des conduites qui se perdent vers l’horizon.
Pas de traces de civilisation, seuls des grands lacs bleu azur bordés de blanc, incongrus dans ce décor désolé, se détachent sur l’immensité du paysage en dessous.

Une côte rocheuse, découpée et noire.

Un choc, des crissements, on stoppe enfin. Une aérogare minuscule en regard de celui qu’on vient de quitter, des inscriptions en une langue inconnue, nous débarquons sur un autre monde…

Une autre planète, un nouveau monde… ? Non.

Bienvenue en Islande !

La plus grande île volcanique au monde, avec le plus de volcans en activité, la plus grande zone désertique volcanique, bref l’île de tous les superlatifs que nous allons explorer, non pas en faisant le périple classique touristique de l’ île par la route n°1, mais en la traversant du sud au nord et inversement par les pistes, gués, refuges et glaciers !

En voiture !

Nous voici de retour en Islande pour la troisième fois, après un premier tour par la côte en été, puis avoir arpenté la côté Sud en hiver sous la neige, nous allons cette fois l’explorer en profondeur en traversant le pays au travers des déserts.
Le lendemain, après avoir récupéré du voyage à proximité de l’aéroport, nous prenons en charge notre véhicule d’exploration : un 4×4 Land Rover Defender quasi neuf, condition indispensable en Islande pour s’aventurer sur les pistes de l’intérieur du pays.
En effet si les routes sont ouvertes à tous les véhicules, les pistes elles, sont interdites aux véhicules classiques car trop dangereuses, non goudronnées et nécessitant parfois des passages de gués. Si vous le faites avec un véhicule de tourisme, c’est à vos risques et périls, sans assurance !

Notre véhicule d’exploration : un 4×4 Land Rover Defender.

Déjà les magnifiques lupins bleus éclairent un peu le paysage austère de laves, fleurs introduites par un explorateur il y a des dizaines d’années et qui se sont si bien acclimatées qu’elles sont à présent considérées ici comme espèce envahissante !

Les magnifiques lupins bleus éclairent un peu le paysage.

Pas de visite cette fois de la capitale, Reykjavík, si ce n’est pour faire le plein de provisions, car nous n’allons pas être privés de désert pendant quelques jours, et pour l’achat aussi de cartes SIM pour les téléphones et internet.
En effet ici en Islande les réseaux téléphoniques sont très bons, même au milieu de nulle part car ils sont le support indispensable aux secours, voir même en cas d’éruption où tous les téléphones dans la zone sont avertis simultanément…

Notre route traverse une zone de laves couvertes de mousse à la couleur jaunâtre et à la texture spongieuse qui tend à donner un air extraterrestre au paysage qui s’étend à portée de vue.
Quand je parlais d’une autre planète…

Un air extraterrestre au paysage.

Les couches de mousses poussant sur la lave ont tendance à adoucir leur relief tourmenté et les scories vomies par les volcans, formant comme une mer moutonnant sur les aspérités et reliefs du paysage.

Une mer moutonnant sur les aspérités et reliefs du paysage.

Entre deux continents :

Le trajet que nous avons préparé passe par le grand site de Thinkvellir, près du lac Thingvallatn. Site à la fois géologique et historique, car c’est à cet endroit qu’on peut observer la formation originelle de l’Islande, île née à cheval sur la séparation entre les plaques tectoniques américaine et euro-asiatique. Mais aussi parce que ce lieu vit la création du premier parlement élu au monde, où se réunissaient les clans d’Islande pour choisir leurs représentants.

Un chemin descend entre les falaises distantes : l’une est en Amérique, l’autre en Europe, et elles s’éloignent de 2,5 cm par an, à la même vitesse que poussent vos ongles…
Cette faille traverse toute l’Islande en diagonale, du sud-ouest au nord-est, avec une ramification.

Plus loin une cascade jaillit du haut de la falaise, l’Oxarafoss, dont on dit que la rivière Oxara qui l’alimente fut détournée pour abreuver les réunions du parlement qui se tenait sur ce site.

Une cascade jaillit du haut de la falaise, l’Oxarafoss.

Un flot impétueux dégringole de la falaise sombre pour s’écouler entre les blocs de roche basaltique et se jeter dans le lac en contrebas.

Un flot impétueux dégringole de la falaise.

Le site de l’Almannagjá est bien aménagé avec des allées en bois et est très verdoyant, fleuri de boutons d’or et de pensées sauvages bleues, avec quelques arbres, rares en Islande.

Site fleuri de boutons d’or et de pensées sauvages bleues.

Et au milieu coule une rivière…

Plus bas dans la plaine, un ensemble de failles résulte de l’écartement des plaques tectoniques, failles qui se sont remplies d’une eau très pure teintée de bleu provenant des glaciers à 40 km d’ici et filtrée par le sous-sol.

Une eau très pure teintée de bleu…

L’eau est tellement pure qu’on ne se rend pas compte de la profondeur qui peut atteindre plusieurs dizaines de mètres ! On peut même effectuer des plongées en scaphandre dans ce monde irréel et froid : près de 0°C. Si ça vous tente, vous pourrez toucher des mains en même temps l’Amérique et l’Europe, à vos scaphandres…

Dans ce décor, une petite église pimpante aux murs blancs bordés de vert et au toit gris se dresse là sous le ciel plombé tel un décor de cinéma, près de petites maisons accolées à la mode islandaise.

Une petite église pimpante aux murs blancs.

Dans le petit cimetière attenant on peut trouver des noms typiquement islandais : les noms de femmes se terminent par “Dottir” (fille de…) et d’hommes par “Son” (fils de…), ce qui complique pas mal l’état civil comme on n’est ici connu comme fille de ou fils de untel…

Dans le petit cimetière attenant on peut trouver des noms typiquement islandais.

Au bord de la rivière, un champ de linaigrettes illumine le paysage de taches blanches, ce sont des fleurs de zone humide qui poussent dans les marais ou au bord des ruisseaux.

Un champ de linaigrettes illumine le paysage.

Atmosphère très clame, reposante et majestueuse qui émane de ce site à la fois grandiose et simple, juste posé là, à la limite de deux mondes, l’ancien et le nouveau, symbole de cette île à la fois jeune géologiquement malgré ses 20 millions d’années et qui voit encore tant de bouleversements.

A la limite de deux mondes, l’ancien et le nouveau.

A peu de distance de là, le second volet du « cercle d’or », qui regroupe trois sites incontournables d’Islande, c’est Geysir où la chaleur souterraine se manifeste en sources chaudes, vapeurs et un célèbre geyser éponyme…

Celui qui ne jaillit plus…

Geysir (celui qui jaillit en islandais) ne se manifeste plus depuis quelques années à la suite d’un tremblement de terre, et c’est Strokur (« la baratte ») qui a pris le relais. Toutes les 6-10 mn un jet de vapeur s’élève à une dizaine de mètres de hauteur depuis une vasque frémissante.
La surface ondule, gonfle, se rétracte puis enfle à nouveau pour exploser en un panache blanc, puis retombe pour remplir à nouveau la vasque et le puits pour un nouveau cycle.

Le spectacle impressionne par sa force, sa beauté et sa brièveté : à peine jailli, le jet va tutoyer les nuages puis se dissipe , et le spectacle est déjà fini, pour reprendre après une dizaine de minutes, s’il n’y a pas de « flops » quelquefois quand le geyser se manque.

Le jet va tutoyer les nuages…


Mais le spectacle est aussi au sol avec les multiples concrétions et ridules de calcite laissées par l’eau qui s’écoule depuis des millénaires.

Les multiples concrétions et ridules de calcite.

Aux alentours d’autres manifestations hydrothermales sont visibles, comme des marmites bouillonnantes et jets de vapeur parmi une végétation rase de mousses et fleurs qui survivent dans ce milieu.

Retour au parking pour retrouver notre Defender rutilant, mais pas un monstre de confort : il y a de la place mais les sièges sont assez durs et très droits, on se trouve assis « à l’équerre » sans grande possibilité d’incliner les sièges, il faudra faire avec…

L’aventure commence ici…

La logique voudrait qu’on (re)visite le 3e site du cercle d’or, à savoir la cascade de Gullfoss, mais nous avons décidé de faire l’impasse pour avoir plus de temps vers notre première étape au cœur de l’Islande. Car c’est un peu l’inconnu : quelques semaines avant notre départ, à la suite de fortes pluies et du dégel, un pont a été emporté avant le camp où nous faisons étape et il faut franchir un gué !

Nous reprenons donc la route goudronnée vers le nord et l’inconnu car malgré nos précédents voyage,s nous n’avons jamais pénétré au cœur de l’Islande ni circulé sur des pistes ; donc en avant pour notre baptême de conduite 4×4…!
Nettement moins de trafic à présent qu’entre les sites du « Cercle d’or », la route asphaltée serpente quelque temps entre des prairies vertes après Gullfoss, puis la végétation se raréfie brusquement et on passe au décor d’un désert brun, aride et rocailleux en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

La piste 35 est elle aussi passée en mode désert.

Sans préavis ou presque, la route, pardon la piste 35 est elle aussi passée en mode désert : plus d’asphalte, c’est un revêtement de terre damée avec des gravillons qui nous précède.  Au loin à l’horizon, se dresse la forme régulière conique et caractéristique de volcans.
Seule concession à la végétation, des touffes de lupins mauves par endroits, contrastent avec l’ocre du sol et les cailloux polis par l’érosion, avec quelques rares touffes d’herbes rases qui poussent sur le sol.

Des touffes de lupins mauves par endroits…

Une petite halte photo avec des cratères à l’horizon, on distingue la route qui se déroule en ondoyant au loin et s’enfonce vers les premières montagnes encore marquées de traces de neige en cette mi-juillet.

La route qui se déroule en ondoyant au loin.

Cette piste 35, aussi nommée Kjalvegur, était déjà présente dans le livre qui décrit comment les nordiques vinrent s’installer en Islande ; elle est le plus court chemin entre le sud et le nord de l’île. Elle  était préférée à la piste Sprengisandur car plus facile et plus sûre dans le passé, et a été balisée par des cairns pour les voyageurs (empilements de pierre réguliers de loin en loin) seulement à la fin du 19e siècle.

Après avoir flirté avec la rivière Hvita (“blanche” en islandais), celle-là même qui provoque en aval les superbes chutes de Gullfoss, la piste aborde alors les contreforts du mont Blaefell qui dépasse les 1000 m d’altitude. On sent un net rafraichissement au fur et à mesure qu’on s’élève aussi de plusieurs centaines de mètres en quelques kilomètres parcourus, jusqu’à un carrefour particulier où l’on stoppe.

Les contreforts du mont Blaefell.

Ici un immense tas de cailloux de plusieurs mètres de haut est dressé comme un immense cairn. La légende raconte qu’une paire de bottes y est enterrée tout en dessous, laissée par un des ouvriers qui ont tracé la route à l’origine, et les passants ont rajouté littéralement leur pierre à l’édifice !

La légende raconte ….

Vue dégagée : droit devant, la piste continue en redescendant presque vertigineusement dans la plaine vers le lac Hvitarvatn (« lac blanc ») issu de la fonte du glacier Langjökull (« long glacier ») à l’ouest. Un bus bleu franchit le col sans presque ralentir et entame la descente de l’autre côté à toute allure.

Depuis le col, nous descendons la piste de quasiment 250m en 2 km soit plus de 10% de pente en ligne droite jusqu’à la rivière Hvita qui s’écoule du lac.
Bien que le pont soit à voie unique (panneau « Einbred Bru », pont à une voie) nous ne sommes pas les seuls : un troupeau de moutons traverse aussi la route pour aller sur les berges du lac où pousse un peu de verdure. Enfin un peu de vie et d’animation !

Comme d’habitude ils sont peureux et redescendent vite du bas-côté vers le lac ; le seul danger est si l’un d’eux change d’avis et fait demi-tour devant la voiture ! Mais en général il s’agit de brebis et de leurs petits pas encore indépendants qui la suivent aveuglément.

A présent la piste continue en terrain plat avec vue sur le lac tout en longueur, piste toujours brunâtre et parsemée de cailloux jusqu’à la taille d’un ballon, rarement plus gros. Le lac et glacier toujours à notre gauche, en arrière-plan le massif montagneux qui borde le Langjökull est veiné de névés de neige et couronnés de nuages qui masquent leurs sommets, du plus bel effet. Oui il y a de la neige…nous sommes en Juillet mais pas loin du cercle polaire arctique, et ce n’est que le début…

On the road again…

Toujours une piste damée -ou damnée ? – de cailloux, quelques fois avec de la « tôle ondulée », succession de creux et bosses, comme fabriquée par le passage de chenillettes ; assez pénible, il faut rouler à la bonne vitesse pour « survoler » et éviter les secousses ou à côté des ornières…

Une piste damée -ou damnée ?

Toujours peu de circulation, dans un sens ou l’autre bien que cette voie ne soit plus classée piste en « F » mais peut-être moins spectaculaire que d’autres, et pourtant…

Un désert de roches rougeâtres, ne serait-ce le ciel et les nuages on pourrait se croire sur Mars, y croiser un rover d’exploration n’y serait pas incongru…

On pourrait se croire sur Mars…

Au loin on aperçoit les masses impressionnantes des langues glaciaires du massif, avant-gardes imposantes qui s’avancent sur les terres ou viennent fondre dans le lac.

Enfin s’annonce le carrefour qui va nous amener au campement du premier soir, au refuge de Kerlingarfjöll, à l’écart de la piste 35 vers le site géothermique. C’est là qu’un pont a été emporté par les récentes crues dûes à la fonte de neiges…en Juillet !
Décidément je ne m’y fais pas, ayant quitté le midi de la France sous 35°C…
Un premier pont d’abord puis l’aérodrome de Kerlingarfjöll, enfin sa pancarte car en réalité c’est un bout de terrain à peu près plat, dégagé de ses cailloux et balisé ; un point, c’est tout, ne cherchez pas la tour de contrôle et la buvette !

La cascade de Gygjarfoss

Prochaine arrêt et c’est là que le pont fait défaut…la route a néanmoins été aménagée avec un gué où l’on trempe finalement à peine les roues et on stoppe quelques mètres plus loin.

La cascade de Gygjarfoss.

La cascade est impressionnante même à l’ombre de cette fin d’après-midi, avec les monts de la chaîne du Kerlingarfjöll en arrière fond. Il y a quelques névés blancs qui parsèment les alentours ainsi que le bord de la rivière. La cascade se jette en tourbillonnant d’une dizaine de mètres de haut sur un front de 30 m environ. L’eau d’abord bleutée jaillit en jets blancs et tombe dans un bassin en écumant en un décor de laves sombres puis continue son cours dans un canyon encaissé.

La piste F347, car c’est en une « officiellement » depuis qu’on a quitté la 35, franchit deux petits ponts puis s‘élève sur une crête d’où l’on a une vue superbe : d’un côté une plaine où paresse la rivière de Gygjarfoss, de l’autre un aperçu sur le site du refuge de Kerlingarfjöll.

Un vrai décor de carte postale : une petite oasis verte autour du torrent dans ce désert de cailloux. Des prairies vertes logées dans une boucle de la rivière, un camping aux tentes bariolées, des chalets rouges aux toits verts accrochés aux pentes. Le tout encadré par les montagnes enneigées, quelques dégradés de couleur sur les flancs de collines et encore et toujours des plaques de neige qui ne semblent pas décidées à fondre !

Un vrai décor de carte postale.

Il y a même un micro-station électrique qui fournit l’électricité avec un petit barrage sur le torrent en contrebas !

Fin de l’étape, on se gare à côté d’une dizaine de véhicules puis on se rend à l’accueil auprès des gardiens du site. Déchaussage obligatoire comme dans la plupart des habitations islandaises, c’est compréhensible vue l’état extérieur du terrain.
Notre logement est au rez-de-chaussée d’un chalet pointu : l’entrée et des toilettes microscopiques, une petite chambre en bas et un minuscule coin cuisine, un couchage en mezzanine, eau froide et chaude, électricité limitée (il n’y a pas beaucoup de prises), voilà pour aujourd’hui.
Ça nous convient et on s’installe, prépare notre premier repas avec les provisions achetées ce matin à Reykjavik.  Ensuite on planifie la rando du lendemain sur le site géothermique de Kerlingarfjöll, beaucoup plus intéressante que l’ascension prévue du mont Snaekholur dont la vue est compromise vu le plafond bas.

Repos dans la nuit -blanche- islandaise :  ici le soleil ne se couche pas complètement derrière l’horizon en été et rebondit sur l’horizon…
Je remarque un livre laissé par d’autres voyageurs de T. Pratchett, un de mes auteurs préférés en littérature fantastique…
En édition islandaise ici : « Litbrigdi Galdranna », titre original « The Colour of Magic » prémonitoire pour le lendemain s’il en est…

Titre original « The Colour of Magic » prémonitoire !

La Réunion : Salazie et Mafate

Deuxième voyage à l’île de La Réunion, après un voyage en famille de première découverte des classiques de l’île Bourbon, nous avions envie de revenir découvrir d’autres lieux mais aussi de redécouvrir après quelques années les incontournables, avec une éruption de la Fournaise en prime…

Envie de retourner dans la caldéra du volcan, gravir à nouveau les pentes du cratère pour voir le plancher qui s’est effondré depuis notre précédente visite ? Eh bien non, la « vielle dame », comme on surnomme La Fournaise, en a décidé autrement.
Mais en échange assister au spectacle d’une éruption la nuit après une rando dans les champs de lave et les pics avoisinants, entre la Plaine des Sables et le cratère, ça vous dit ?
Et ce n’est qu’un avant-goût : entre les cirques , les grottes volcaniques, faune, plages, jardins et marchés, il y a tant à voir…

Au cirque de Salazie :

C’est l’un des trois « cirques » de La Réunion, nés de l’effondrement autour du premier volcan imposant et endormi, le Piton des Neiges. Salazie est accessible par une unique route, le cirque se dévoile presque spontanément, au débouché des gorges de la Rivière du Mât.
Un petit détour au départ pour admirer, caché à l’écart de la route vers Sainte Suzanne , la splendide cascade Niagara qui se jette par de multiples chutes dans un bassin ceinturé de galets.

Cascade Niagara
Cascade Niagara


Presque personne sur place mais un temps gris et pluvieux qui ne nous fait pas renoncer à ces instants.

Cascade Niagara

Après avoir quitté la route qui ceinture l’île, on s’engage dans les gorges de la rivière du Mât, très verdoyantes mais sans grand mérite entre toute l’eau qui dévale des pentes et du ciel aujourd’hui…

Chutes d’eau qui jouent à cache-cache avec la végétation en cascadant en pointillés avec leurs cours qui apparaissent et disparaissent entre les arbres, naissant mystérieusement dans les nuages accrochés aux sommets.

Cascades du voile de la mariée.

Grâce à l’eau, beaucoup de cultures comme le cresson et le typique et célèbre chouchou, chayotte ou christophine, qui pousse sur des treilles ou même à l’état sauvage.

Chouchou ou christophine
Chouchou ou christophine

La célèbre cascade du Voile de la Mariée, n’est pas très visible et nous aboutissons au bout de la route au joli village de Hell-Bourg, primé comme un des plus beaux villages de France et préféré des français, avec ses maisons de styles créoles typiques et originales.

Le bourg était une station thermale prospère avec des sources chaudes sulfureuses , jusqu’à ce qu’un tremblement de terre ne mette fin à cette gloire. De plus la fraicheur avec l’altitude était un avantage par rapport à la chaleur de la côte. La bourgade s’est endormie mais a gardé un charme calme et coloré…

5 fruits et légumes…dans le rhum arrangé !

Avec de belles maisons en bois classées, aux couleurs pastel et murs de tavaillons, il règne une ambiance de station de vacances surannée.

Les habitations sont dispersées aux alentours dans des « ilets », petits hameaux qui regroupent quelques maisons, souvent dans les cirques pour des activités agricoles parfois en quasi autarcie, vu l’isolement.

De la verdure partout, partout de la verdure qui forme un tapis recouvrant tout : relief, rochers et ondulations ; un peu comme ces mousses en Islande qui poussent sur les champs de lave en gommant les aspérités du terrain.

Océan de verdure.

Quelques fleurs émergent de la verdure …

Tandis qu’on repasse près du voile de la mariée, la visibilité s’est un peu améliorée :

Les pentes des montagnes vers la vallée sont impressionnantes, je comprends pourquoi on mes appelle des « ravines », faisant penser aux vallées des Andes, pays incas et d’aventures…

Ravine et cascade.

Notre gîte est justement dans un ilet à proximité de Hell-Bourg, noyé dans la végétation, au calme, ce sont de charmants bungalows en bois bien aménagés dans un jardin luxuriant.

Aventures à Mafate :

Le cirque de Salazie est l’une des trois portes d’entrée de Mafate, autre cirque autour du Piton des Neiges, mais qui présente la particularité de n’être accessible qu’à pied, donc paradis des randonneurs !
 Il n’y a en effet pas de route qui y mène et les seuls accès pour s’y rendre ou y faire des livraisons sont à pied ou …en hélicoptère !  Et nous allons en faire l’expérience…

L’un des accès à Mafate se fait par le col du Grand Bœuf où un parking gardé permet de laisser sa voiture, puis de là on descend dans le cirque par des sentiers et escaliers, jusqu’aux fameux ilets qui parsèment le cirque. La route vers le col démarre en bas vers la rivière, la vue est bien dégagée ce jour sur les cascades et la vallée de la Rivière des Galets.

Vue sur le voile de la mariée
Vue sur le Voile de la Mariée.

Le cirque est ceinturé de montagnes à pic et seuls quelques brèches formant des cols permettent l’accès par des sentiers.

Un point de vue sur le « rempart » donne toute l’importance et la raison de l’isolement du cirque ; d’ailleurs ses habitants ont refusé leur raccordement routier au reste de l’île, préférant leur tranquillité.

La route s’élève à travers la forêt jusque dans les nuages qui s’amassent contre les crêtes jusqu’au terminus, le parking du Grand Bœuf, déjà bien rempli par les touristes comme nous, ou les locaux habitant le cirque. On doit abandonner là son véhicule et nous nous chargeons avec notre équipement pour trois jours car nous avons prévu d’effectuer une boucle avec deux étapes, l’une à Marla, l’autre à La Nouvelle, puis de remonter au col.

Du parking jusqu’au col proprement dit il y a quelques centaines de mètres par une piste forestière à travers une lande rabougrie et grisâtre qui pousse tant bien que mal sur des laves.

Végétation au col.

En contrebas, quelques arbustes et fleurs en boules tentent d’égayer le paysage de vert et de rouge.

Le col se précise, encaissé entre deux pans de montagne, c’est la porte de Mafate !

La porte de Mafate.

De là, la vue porte à des kilomètres vers le bas, limitée par les remparts abrupts des montagnes autour du cirque noyé dans la végétation, à peine si l’on distingue ça et là des habitations. Impossible d’apercevoir les sommets ou les autres portes d’entrée au cirque.

Panorama sur le cirque de Mafate.

Bon, plus qu’à descendre maintenant, c’est parti pour quelques heures de marche, il ne faut pas trainer car la nuit tombe tôt et régulièrement ici presque à l’équateur.
Quelques marches d’escalier vertigineuses invitent à la descente…Sans trop regarder, ni réfléchir qu’il faudra les remonter au retour !

Le sentier slalome entre arbustes et fleurs, buissons et fougères arborescentes…

…toujours avec une vue à couper le souffle sur le cirque dans son immensité.

Randonneurs à Mafate.

Tantôt sableux, tantôt caillouteux le sentier est bien marqué ou même passe sur des passerelles en bois au-dessus des zones marécageuses.

Enfin les nuages se lèvent un peu pour dévoiler les sommets aux alentours, émergeant des frondaisons luxuriantes.
(Oui, il y a beaucoup de photos de fougères arborescentes…c’est une plante que j’adore ! Elle a du mérite d’avoir subsisté depuis l’ère préhistorique…)

Pics émergeant des fougères arborescentes.

Un replat soulage un peu les chevilles étirées par la descente et les marches d’escalier : c’est la Plaine des Tamarins, arbres tortueux aux allures mystérieuses et fantastiques, parfois couchés au sol probablement par des cyclones.

Le sentier est maintenant construit de tronçons de bois, matériau sûrement local de la forêt de tamarins, des troncs morts à terre sont comme tordus de douleur…

Peu de fleurs dans cette végétation uniforme et désolée, qui fait un peu fantasmer, aux récits fantastiques du Hobbit ou d’épopées nordiques. Sommes-nous dans la forêt maudite sur la route de la Montagne Solitaire ? Où sont Bilbo et les nains ?…

Des arbres enchevêtrés comme un chaos indescriptible et figé, on a presque hâte de quitter ce lieu désolé…

Enfin on atteint le bord du plateau qui laisse apercevoir le fond du cirque, peut-être quelques maisons du village de Marla où nous devons passer la nuit.

De l’autre côté, un torrent s’est taillé un lit étroit à travers les arbres et dégringole en cascades, tandis qu’une nouvelle volée de marche grossières descend toutes aussi vertigineuses qu’artisanales !

Encore un escalier !

Un point de vue s’ouvre sur les plateaux hébergeant des ilets de quelques maisons, des cascades et toujours de la verdure à profusion.

Fin de la descente, après 5km nous sommes arrivés au bord du torrent, la Rivière des Galets, bien nommée avec des galets et rocs polis immenses qui parsèment le lit en créant de petites cascades.

Gué à la Rivière des Galets

Une pause fraicheur agréable au bord de l’eau après toutes ces descentes, escaliers et marche à travers des bois sinistres. Il ne reste plus qu’un kilomètre à parcourir environ pour arriver au gîte des Trois Couleurs de Marla.
Malheureusement en passant sur les rochers, je glisse et j’ai la cheville ouverte ; pansements, désinfectants, la rivière des Galets se teinte de route ! Heureusement il n’y a pas de piranhas…

Clopin-clopant -surtout moi- on atteint le village de Marla qui en fait est très étendu car les maisons sont dispersées.

Le soir tombe ; comme on n’arrive pas à trouver notre destination, au gite des Trois Couleurs à l’écart du sentier, le propriétaire vient gentiment à notre rencontre.

Habitations à Marla.

Comme notre stock de pansement est limité, il ira même aimablement faire le tour de ses voisins pour nous dépanner !
Enfin il fait nuit sur Mafate, et après un repas autour du poêle (Si, si, il fait froid en altitude même sous les tropiques ! ), on verra demain…

Une journée spéciale

Le lendemain, dans un ciel bleu azur uniforme, le soleil brille ; je ne peux pas en dire autant…Après avoir appelé l’assistance voyage, vu mon état où j’ai du mal à marcher, il est impensable de continuer ou de remonter tout le chemin parcouru.

Donc j’ai gagné une évacuation en hélicoptère par le secours en montagne vers l’hôpital de St Denis…
En attendant le départ, le panorama est sublime depuis le gite des Trois Couleurs…

Panorama depuis le gite des Trois Couleurs.

…sur le cirque, cerné par les remparts et les sommets du Piton des Neiges et du Grand Bénarre qui flirtent avec les 3000m !

Il y a une piste à côté du gite pour se poser, grande comme un mouchoir ! Voyage en hélico avec la gendarmerie du secours en montagne qui semble avoir l’habitude…Atterrissage sur le toit de l’hôpital de St Denis et prise en charge très professionnelle !

Hélico en vue !

La journée sera mouvementée : l’épisode « Urgences à La Réunion » se déroule au CHU de St Denis, piqures, points de sutures et traitement pour 15 jours, le temps de retourner en métropole.
Laurence et Florent qui sont restés au gite devront sortir du cirque aussi par hélicoptère, puis taxi et l’on se rejoint à l’aéroport pour louer une 2e voiture, car la 1ere est restée au parking du col…Suivez !
Une fois notre voiture récupérée au parking du col, on retourne rendre la 2e voiture…
Fin de l’aventure Mafate ! Ouf…

Et maintenant direction côte et plage pour se relaxer de ces aventures à St Pierre au sud de l’île !