Un autre monde : Du Nord au Sud

Bien reposés dans des grands lits sous la traditionnelle couette en Islande, ça nous change des lits superposés et des sacs de couchage de la veille au refuge de Dreki dans l’Askja.
Petit déjeuner copieux avec une table couverte de produits maison : confitures, pain, et encore de la truite fumée (je ne m’en lasse pas !), et c’est repu qu’on abandonne presque à regret, la guesthouse Trod North à Laugar, non sans avoir jeté un coup d’œil à sa source chaude particulière qui alimente la piscine, et aux fleurs variées dans le jardin, fierté de la propriétaire.

la guesthouse de Trod North
La guesthouse Trod North

Il nous faut repasser par Godafoss pour accéder à la piste Sprengisandur, et nous en profitons pour jeter un œil à la cascade de Geitafoss, qu’on situe en amont de son ainée, et qu’on distingue de loin depuis la route de Myvatn.

Cascade de Geitafoss

Geitafoss est une autre chute modeste visible depuis la passerelle piétonne qui enjambe la rivière : quelques mètres de haut, deux sauts sur les côtés qui se rassemblent en écumant dans le lit en contrebas. Au-delà le pont routier enjambe élégamment l’eau verte de la Skjálfandafljót qui alimente ces deux cascades.

Le pont routier sur la Skjálfandafljót

La route 842 que nous empruntons d’abord doit nous mener à la fameuse et redoutée piste F26 ou Sprengisandur. Elle part depuis le RN1 non loin de là, remontant le cours du fleuve qui alimente Godafoss, dans une verte vallée aux fermes disséminées ça et là.
Pas mal de moutons sur la route, qui y restent stoïquement presque jusqu’au dernier moment pour s’échapper dans les prairies en contrebas.

quelques moutons sur la route…

Ici c’est une zone agricole avec les vastes pâtures arrosées par la rivière ainsi que des élevages de chevaux islandais, race particulière avec ses cinq allures de marche et leur silhouette caractéristique auquel les islandais sont farouchement attachés.
Dans un champ, des dizaines de chevaux paissent et malgré les barbelés, s’éloignent doucement quant on s’approche, ils gardent leur caractère sauvage et méfiant !

Chevaux islandais dans la vallée

Dans un paysage de vallée glaciaire encaissée, des pâturages, des fermes et au milieu coule une rivière…
De belles linaigrettes blanches et vaporeuses poussent dans les zones humides, qui ne manquent pas parmi les paysages que traverse la route.

Linaigrettes blanches et vaporeuses

Un petit bois de bouleaux nains et de saules boréals, aux troncs maigres et tortueux a poussé ici, comme incongru. En effet, les arbres et à plus forte raisons les forêts, sont rares en Islande car ils ont été quasi exterminés par les premiers habitants de l’ile et leur croissance est lente. Néanmoins des tentatives de reboisement variées sont en cours dans diverses régions.
Vous connaissez le proverbe islandais :

« Si tu es perdu dans la forêt ? Lève-toi ! »

Un petit bois de bouleaux nains et de saules boréals

Toujours des moutons sur la route, une brebis et son agneau qui tète à grands coups de tête, moutons blancs, moutons noirs, ou panachés il y en a de toutes sortes, bloqués par les barrières à bétail sur les routes, zones faites de barres métalliques rondes espacées au sol pour les empêcher de migrer d’une zone à l’autre.

Un petit pont franchit enfin la rivière Skjálfandafljót puis la piste commence à grimper, les panneaux informatifs, comme à chaque entrée de piste, font leur apparition : la F26 n’est pas loin ! En rien de temps on arrive sur un plateau avec le classique parking-toilettes : la cascade d’Aldeyjarfoss n’est pas loin !

Aldeyjarfoss

En effet on l’entend d’ici et il faut descendre un sentier tortueux pour arriver aux chutes ; en chemin, de belles échappées sur le cours encaissé de la Skjálfandafljót avec des rapides écumeux dans l’eau gris acier face à une falaise noire.

Le cours encaissé de la Skjálfandafljót

On y est : haute d’une vingtaine de mètres, la chute jaillit d’une gorge depuis un plateau pour s’épancher dans un vaste bassin entouré de colonnes d’orgues basaltiques  sombres qui contrastent d’autant mieux avec l’écume blanche de la chute.

La chute d’ Aldeyjarfoss

Comme prédit par nos hôtes de Laugar, elle est magnifique et bien moins fréquentée qu’en aval à Godafoss, à tort car le spectacle est plus impressionnant et plus tumultueux qu’à Godafoss ; si vous passez par là, vous savez ce qui vous reste à faire !

Aldeyjarfoss au ralenti

Les rangs d’orgues basaltiques sont tantôt réguliers et verticaux, tantôt en gerbes arrondies ou désordonnées, preuve de l’activité intense qui a dû avoir lieu lors de l’éruption, des couches successives s’empilent même comme des voutes.

La piste F26 ou Sprengisandur

La piste F26, appelée aussi Sprengisandur par les locaux, est l’autre piste traversant l’île dans le sens nord-sud, mais les islandais préféraient la Kjöllur, (que nous avons emprunté le 1er jour), car la Sprengisandur jouissait d’une mauvaise réputation. Mauvaise réputation due aux elfes, trolls et fantômes des légendes, mais surtout aux hors la loi réfugiés ici à cause de l’isolement. C’est aussi le manque de pâtures pour les chevaux lors des haltes qui a donné le nom de Sprengisandur, « étendues de sable épuisante ».

Le pont marque le début de la piste qui débute dans un paysage de sables foncés, avec des touffes de végétation éparses de plus en plus rares, une autre cascade, Hradnabjargsfoss, se situe un peu plus loin.
La piste monte toujours, curieusement en suivant la ligne de crête reliant touts les points hauts, les uns après les autres.
Depuis la cascade, nous avons monté en quelques kilomètres de 300m d’altitude, et dès qu’on approche les 600-700m, la brume est présente pour se transformer en pluie, voir en grésil et neige fondue au gré de l’altitude !

Brume qui laisse parfois entrevoir à perte de vue des paysages désertiques et moutonnés de rochers et cailloux, semblables à l’Odadahraun près d’Askja, qu’on a parcouru les jours précédents. 
La conduite est difficile, non pas par l’état de la route, mais à cause de la visibilité réduite par endroits, tout en croisant aussi de drôles d’engins, comme ce camion de raid orange venu d’Allemagne.

Rencontre sur la F26

Toujours et encore des étendues de cailloux, la végétation se raréfie, seule touche de couleur, les poteaux jaunes qui balisent le bord de la piste comme partout ici. Cailloux de tailles variées, du gravillon au roc, en passant par des tailles comme un noix, une pêche ou noix de coco, voir énormes parfois !

Cailloux de toutes tailles…

La végétation devient rampante, azalées ou thym arctique, comme pour mieux se protéger du froid hivernal.
Toujours circulant sur les cimes, ce qui devrait garantir une belle vue en temps normal, ne dévoile que la désolation proche, agrémentée de plaques de neige dans les contrebas ; enfin un gué se présente, plutôt une grande flaque provenant de la fonte de neige plus loin.

Paysage lunaire ou martien, où la route se déroule jusqu’à l’horizon proche, quelques grosses super jeeps nous croisent de temps à autre ; il parait que c’est la piste d’Islande la plus fréquentée, mais ça reste somme toute assez calme ce jour…

Une petite touche de couleur avec des variations dans les laves qui rougissent par ici, ou l’approche d’un cours d’eau qui apporte avec lui un peu d’herbe et de mousse bien verte presque fluorescente sur ses bords.
Un carrefour se présente avec la F881 vers Laugafell, puis une série de petits gués qu’on franchit négligemment…

Mousse presque fluorescente

Une autre rencontre toute aussi originale qu’inattendue : un marcheur qui tire son barda derrière lui sur une remorque mono-roue, plus loin, deux autres marcheurs avancent ici au milieu de nulle part  dans cet environnement hostile : chapeau bas !
Nous sommes à peu près à 50km de la dernière ferme ; quant à la prochaine halte, qui sait ?

« Avec un ciel si bas qu’un canal s’est perdu… » chantait Jacques Brel, ici c’est un lac qui semble perdu au bord de la piste, l’eau ne doit pas être plus chaude que quelques degrés…Le ciel est comme une chape de plomb qui par moments se soulève pour nous dévoiler une chaine de montagnes blanches à l’horizon qui semble inaccessible.

Plafond bas sur la piste

Encore un étang au milieu de la piste, le passage est balisé entre des poteaux jaunes et rouges, c’est un gué original avant le croisement de la piste F752 qui rejoint la région de Skagafjördur, en passant par le refuge de Laugafell et sa source chaude.
Un panneau annonce encore 125km jusqu’à Hrauneyjar, nous avons fait la moitié du trajet en 4h y compris les arrêts photos ! A présent un vaste lac s’étire, c’est le lac de Flordungsvatn en arc de cercle qu’on longe.

Le lac de Flordungsvatn

Puis à nouveau un gué large d’une vingtaine de mètres, il y a des couloirs balisés pour bus et voiture ! Quelle organisation… Une jeep se présente en face, on attend pour voir : peu profond, ce doit être les eaux de fonte du proche glacier de Tungnafellsjökull, j’essaie de traverser à pied sur des cailloux pour prendre des photos de l’autre côté mais impossible, ça sera de l’intérieur du Land Rover !

Gué balisé : du grand luxe !

La route continue dans la sombre perspective du désert de lave, sous le manteau nuageux gris qui se lève et dévoile une bande de montagnes zébrées de neige éclatante ; quel contraste !

De plus, une zone entièrement immaculée à droite ne laisse aucun doute : c’est un glacier, le Höfsjökull à quelques kilomètres de distance à peine, séparé par une interminable plaine pierreuse. De l’autre côté se situe son homologue, le Vatnajökull et le Bardarbunga de plus de 2000m qui a fait parler de lui lors de l’éruption en début d’année lorsqu’une faille s’y est ouverte pour vomir lave et gaz.

Le ciel est tellement bas qu’on dirait que la masse nuageuse va s’écrouler sous peu…Toujours de l’avant vers cette fenêtre étroite sur l’horizon, en doublant à présent un rando-cycliste et croisant le bus « spécial piste » qui assure la liaison jusqu’à Myvatn.

Le ciel va nous tomber sur la tête ?

Rencontres de 3 types :

Au long de la route désertique et désertée , on croise néanmoins de drôles de rencontres : soit des véhicules dignes du Paris-Dakkar, poids lourds suréquipés ou SUV améliorés qui viennent pour se mesurer à l’Islande (et si je pouvais mettre un plus grand “I” à Islande…). Ou de simples individus, un marcheur avec tout son paquetage sur le dos et emmitouflé dans son K-way qui avance dans la brume au rythme de ses bâtons de marche….Ou encore celui qui tire son barda derrière lui sur une remorque à une roue.

Marcheur solitaire

Ils méritent le respect : on est ici à des dizaines de kilomètres de la dernière habitation, la piste est loin d’être plane, on grimpe parfois à plus de 700m avec de la neige fondue ; et il y a les gués à traverser a pied !
Je repense à H. Guillaumet, pionnier de l’aéropostale, qui disait à St Exupéry venu le secourir : “Ce que j’ai fait, aucune bête ne l’aurait fait.”. Ici il n’y a même pas de bêtes…

Nyidalur, la « nouvelle vallée »

Juste avant le refuge de Nyidalur, c’est le croisement avec la F910 qui vient de l’Askja, notre refuge de l’avant-veille ; piste très dure et éprouvante réservée aux super jeeps et fortement déconseillée voire interdite aux 4×4 classiques. Sur certains tronçons la moyenne est de 10km/h, on dit qu’il faut 10 heures pour parcourir les 100km ! Pour nous la question ne s’est pas posée…

Enfin voici le gué tant redouté de Nyidalur ; annoncé comme le plus risqué du parcours, il est recommandé de partir tôt pour le franchir avant que le soleil n’ait trop provoqué de fonte dans les glaciers. En fait, aujourd’hui on ne risque pas de coup de soleil et c’est à peine un ruisselet, un des plus petits qu’on ait vu…On l’a échappé belle !

Les gués, c’est gai !

Les super jeeps des services de secours qui patrouillent là semblent disproportionnées par rapport à la difficulté mais ils sont bien équipés en Islande ; le bus et le SUV devant nous passent sans ralentir ; de l’autre côté attendent un 4×4 et une fourgonnette tirant une remorque, un bouchon sur la piste, un comble !

Gué de Nyidalur, les secours veillent !

Et voici Nyidalur, l’oasis dans le désert de la Sprengisandur, sans les palmiers et le soleil ! Un refuge en bois, quelques bâtiments et pas mal de monde : entre bus et 4×4, il y en a bien une douzaine de véhicules arrivés à ce bout du monde.

Le refuge de Nyidalur

Cette vallée sépare le sud du nord de l’île, but de promenades à faire ou l’ascension du proche sommet. Le refuge comporte un dortoir, chambres et toilettes dans une joyeuse agitation. Au pied du massif de Tungnajell et de son glacier, les pentes sont couvertes de neige ici aussi et l’air est comment dire…vivifiant !

Montagnes zébrées de neige

On ne s’attarde donc pas car il reste pas mal de route à parcourir et notre moyenne n’est pas élevée, non pas qu’on veuille battre des records, mais il y a encore des occasions de visite prévues pour la journée.  A franchir encore plusieurs petits gués de fonte de neige aux alentours, balisés par des piquets pour les plus larges, mais peu profonds.

Le paysage est identique au tronçon nord de la piste, sombre, caillouteux et infini : on n’a aucune idée des distances, sans repères et certains objets semblent ne jamais se rapprocher, comme dans les déserts sahariens (sans les mirages toutefois), et pourtant on avance !

Infinité désertique au long de la F26

Enfin un peu de spectacle qui se présente avec les langues glaciaires du Höfsjökull qui débordent des monts sur la droite, une très large au centre d’une dizaine de km de largeur, encadrée par deux petites sur les côtés, comme une armée blanche prête à déferler sur la plaine.

Quelques voitures, minibus surélevés qu’on croise çà et là au long de la route qui se poursuit imperturbablement dans l’immensité plate et morne avec les gués, flaques et plaques de neige qui viennent rompre la monotonie du trajet.

On the road again…

Quelques montagnes pointent à l’est tandis que le plafond nuageux remonte, donnant une meilleure visibilité sur la plaine de la Thjorsa qui nous sépare du glacier et des ses avancées, la masse de glace est imposante, même à des kilomètres de distance.
Enfin le sud, c’est bon signe ! En effet la Thjorsa est le plus grand cours d’eau d’Islande, fleuve se jetant sur la côte sud dans l’océan Atlantique.

Les langues glaciaires du Höfsjökull

La piste redescend en direction de la plaine mais remonte aussitôt comme à l’accoutumée droit vers un sommet pointu pour replonger vers un gué sur une rivière, aux berges couvertes de végétation fluo qui profite de la courte saison d’été.

Les lacs

A droite, un grand lac aux eaux bleu émeraude, c’est le Kvsilavatn qui s’étire en une série de bassins, tandis qu’un chapelet de volcans coniques se dresse vers l’est ;  ici émerge un ensemble de bâtiments métalliques incongrus en plein désert, peut être des scientifiques.

Enfin un pont enjambe une rivière large et puissante, c’est l’eau provenant du lac Kvsilavatn, et la route s’élargit sur une portion plus carrossable, jalonnée par les traditionnels piquets jaunes entre des buttes dénudées, puis émerge un autre immense lac vert émeraude, c’est le Thorisvatn.
(Vous rappelez-vous que “vatn” siginifie “eau” en islandais ? )

Enfin la civilisation réapparait sous les traits d’une ligne électrique haute tension courant sur une série de pylônes jusqu’à l’horizon et autre signe civilisé, nous roulons sur une route goudronnée avec une ligne blanche ; quel luxe !

Retour à la civilisation…

Après le carrefour avec la route du Fjallabak vers les lacs du Veidivötn, la piste F26 reprend le grade de route 26, nous apprécions le confort du ruban asphalté et son tracé amorti, par rapport aux secousses, lacets, roulis et tangage de la piste.

Halte à Hrauneyjar

La route passe à proximité de la centrale hydro-électrique de Hrauneyjafoss, par un pont au dessus des eaux de rejet de son exutoire, et immédiatement après c’est Hrauneyjar, notre but, enfin !
Hôtel, gite et guesthouse, complexe style « saloon de la dernière chance » du Far West, tel est cet endroit, dernier point de ravitaillement avant le nord ou pour l’exploration du Landmannalaugar tout proche.

Hrauneyjar

Nous y sommes déjà venus en plein hiver et ça avait alors l’air d’une station polaire arctique, avec ses bâtiments bas, la neige accumulée en congères contre ses parois et…sa solitude !  C’est ce qui a un peu motivé notre choix avec son emplacement central dans la région.

Pour l’exploration ce sera demain, pour l’instant installation ici pour deux jours, ça fera du bien de se poser un peu après la plus longue étape du périple, qui plus est sur une des pistes les plus éprouvantes et par mauvais temps, LA Sprengisandur.
Mais comme on veut profiter de la fin de la longue journée d’été, on va faire un tour à la ferme chez les Vikings…

La ferme viking de Stong

Un site d’établissement des Vikings qui a dû être occupé jusque vers 1300, a été retrouvé dans cette vallée, au pied du volcan Hekla.
Celui-ci a est entré en éruption en l’an 1104, dévastant une vingtaine de sites vikings, huit ont été fouillés mais un seul est hors sol, exhumé des cendres du volcan voisin aux éruptions quasi régulières mais sans prémices.

Une ferme médiévale, la ferme viking de Stong, a été reconstituée et reconstruite à l’identique plus bas dans la vallée au bord de la route comme une réplique de celle-ci.
Ici on retrouve les fondations en pierre avec de la tourbe et un toit en bois reconstitué, avec des vestiges d’une étable, d’une forge et église.

A partir de Hrauneyjar, on descend la route 26, puis la 32 et au pied d’une grande descente en lacets on découvre un magnifique panorama sur la vallée de Thjorsadlur avec un vrai décor extra-planétaire de cratères dispersés dans la plaine.

La vallée de Thjorsadlur
Décor extra-planétaire de cratères

Là se trouve la reconstitution de la ferme viking de Stöng, l’original se trouve à gauche, au bout d’une piste en terre de 5km ; c’est là que nous allons…

Du parking, un petit pont franchit un ruisseau et on trouve un bâtiment principal enterré et allongé, avec une petite porte latérale qui ouvre sur un vaste intérieur de 15m sur 5m de large environ. Des murs en pierre recouverts de plaques de tourbe avec un foyer central entre des dalles de pierre. Le pourtour consiste en des banquettes recouvertes de tourbe ; les vikings avaient déjà découvert ses propriétés isolantes !

Des banquettes recouvertes de tourbe

Deux petits appentis, une réserve et des toilettes, déjà…La toiture de protection en bois a été bien sûr reconstruite car détruite par l’éruption. L’ensemble est très grand vu de l’intérieur, comme il est enterré, l’extérieur ne paie pas de mine.

L’intérieur de la ferme viking de Stong

L’oasis dans le désert : Gjain

De là, une piste caillouteuse atteind un plateau pour rejoindre la véritable oasis de verdure et de cascades qu’est le canyon de Gjain, inattendu au milieu d’un paysage de laves austères.
Un sentier descend dans le canyon creusé par les cours d’eau ; plusieurs pontets et sentes aménagés permettent de s’y promener entre grottes, ruisseaux et cascades.
Mais pas de palmiers ici…

L’oasis dans le désert : Gjain

 Beaucoup de verdure qui contraste avec les alentours arides :  saules nains, fleurs, angéliques, dans un décor d’orgues basaltiques figées, l’eau est partout sous nos pieds…
Le clou du spectacle étant les cascades au fond du cirque qui s’écoulent non pas à la verticale mais pour une fois, dévalent le long de pentes inclinées.

Cascades de Gjain

Des cavernes noires béantes hors des tours de lave sombre semblent abriter tous les personnages de la mythologie islandaise et on ne serait pas étonné d’en voir sortir elfes et trolls à la nuit tombée…
Il y a des vestiges de murets à l’entrée, elles ont dû servir de parcage pour les moutons autrefois.

Des cavernes noires béantes

Retour en sens inverse à notre base de Hrauneyjar par la vallée de Thjorsadlur qui abrite Stông et son vaste paysage de monticules à l’aspect lunaire.

La fin d’une longue journée : probablement l’étape la plus longue de notre périple à travers l’Islande avec cette traversée nord-sud par une piste redoutée mais riche de découvertes en lieux insolites, paysages et rencontres.

L’itinéraire du jour de Laugar à Hrauneyjar

Au programme demain : la région géothermique du Landmannalaugar !

5. L’Islande en hiver : rester de glace

Il fait plus froid dans cette partie du sud, les petites rivières sont gelées avec une couche de glace et toute la campagne semble figée dans l’immobilité sans âme qui vive.

Rivière gelée

Stjórnarfoss

Encore une cascade, l’Islande le pays des cascades, en compte plusieurs centaines ; la plus grande, Glymur, qui atteint presque 200m de haut et Dettifoss, la plus puissante d’Europe avec 200m3 par seconde ! Tellement impressionnante qu’elle apparait dans le film Prométheus au début…

Stjórnarfoss , la cascade en boule…

Mais celle de Stjórnarfoss est originale car elle s’écoule sur une énorme pierre ronde et de plus elle est quasi gelée ce jour, tant les écoulements que le bassin de réception. Un peu d’eau bleue est encore libre mais s’écoule sous la glace en une rivière gelée à perte de vue.

Kirkjugolf

Kirkjugolf

Plus loin le site de Kirkjugolf a laissé les gens perplexes dans le passé ; il se présente comme un immense dallage hexagonal au milieu de la prairie avec des piliers. En fait, il s’agit de sections de colonnes de laves hexagonales comme des tuyaux d’orgues basaltique qui ont été érodées et polies par les glaciers.

Le long de la route, un site photogénique plein de petites cascades nous stoppe pour un moment ; le temps de faire quelques prises en pause longue avec la rivière aux coulées blanches, qui se profile entre les rochers et dans la brume accrochée aux falaises.

Cascades au ralenti

La route toujours monotone et droite nous amène à notre rendez-vous pour une visite d’une grotte un peu particulière.

Voyage au centre de la glace

Nous avons rendez-vous avec un groupe pour visiter un grotte de glace sous un des glaciers qui peuplent l’Islande. Depuis le 4×4 qui nous véhicule jusqu’à la grotte, la piste offre des aperçus sur des langues glaciaires s’étalant entre les montagnes, jusqu’à arriver au porche de la grotte, au pied de la langue glaciaire, d’où s’écoule un torrent.
De là on descend à l’intérieur du tunnel et il nous faut traverser le torrent sur un canot et des cordes pour gagner le sol de la grotte.

Grotte de glace

Un spectacle d’azur nous accueille, la glace de la grotte est bleutée et blanche, veinée de noir par endroits : ce sont des couches de cendre volcanique emprisonnées entre celles de neige au fil des années.
La glace ici a environ mille ans nous indique la guide.

Plafond de la grotte

Ambiance particulière, éclairage particulier tout au long de ce parcours sous-glacier avec des couleurs gris-bleues et des cheminées ouvertes dans la glace comme des puits de lumière, la surface érodée et polie de la grotte joue avec la lumière.

Puits de lumière

On a du mal à réaliser qu’on se trouve sous des dizaines de mètres et des milliers de tonnes de glace tant l’atmosphère est captivante et le spectacle saisissant. On ne sait où donner …de l’appareil photo !

L’entrée de la grotte de glace au soleil

Nous ressortons de la grotte au soleil couchant ; le retour s’effectue à travers une plaine de cailloux, probablement le lit ancien abandonné par le recul du glacier.
Restons de glace… en nous dirigeant vers un autre haut lieu touristique islandais…

Jökulsárlón : un lagon glaciaire

Lagon glaciaire de Jökulsárlón

Jökulsárlón est un lagon glaciaire en bordure du parc national de Vatnajökull, entre mer et glacier. Formé en 1934 par le recul du glacier, la surface a quadruplé depuis les années 1970 de part le recul du glacier.
Ses eaux bleues et calmes sont parcourues d’icebergs de glace millénaire, détachés du glacier Breiðamerkurjökull issu du glacier plus grand, le Vatnajökull, l’un des plus grands glaciers d’Europe.
Rempli d’eau saumâtre, il est peuplé de phoques, plus présents en hiver chassant les poissons, et de nombreux oiseaux, canards et quelques pingouins…et des touristes car il est encore à côté de la RN1 !

Phoque chassant dans le lagon

La lagune s’écoule par un chenal vers l’océan Atlantique nord, laissant dériver des morceaux de glace bleutés veinés de noir qui s’échouent sur la plage de sable noir.
On peut même naviguer sur le lagon glaciaire avec des véhicules amphibies (et un gilet de sauvetage !), ce site iconique ayant servi de décor dans plusieurs films comme James Bond, Lara Croft ou des clips musicaux.

Panorama sur le lagon glaciaire.

Cliquer sur l’image pour voir un panorama interactif sur le lagon de Jökulsárlón
ou sur ce lien ICI.

Le lagon s’écoulant à l’océan par un chenal, il ne faut surtout pas manquer le spectacle des icebergs vêlés issus du lagon qui sont rejetés à la mer et échoués sur la plage. Contraste saisissant de ces blocs de glace bleus et blancs sur le sable fin de basalte noir.

Blocs énormes ou petits morceaux éparpillés, les couleurs et reflets sont éclatants même sous la faible lumière hivernale.

Le soleil est à présent couché sur l’horizon et il nous faut regagner notre chalet de Hobbits, salués par les phoques du lagon…

Précédent : 4.L’Islande en hiver : cascades, plage et canyon

4. L’Islande en hiver : cascades, plage et canyon

Départ de l’hôtel Fljótshlíð à Hvolsvöllur (ouf…) sous le mont Hekla, non, il n’y a pas eu d’éruption pendant la nuit…
Au fait savez-vous qu’en cas d’éruption tous les portables GSM sont alertés automatiquement dans la région ? Les islandais ont appris à se méfier des dégâts des volcans depuis longtemps.
Byron disait « On ne peut pas vivre avec les femmes ni sans elles », c’est un peu pareil pour les islandais et les volcans, ils ont appris à vivre avec, à en tirer bénéfice et à vivre en symbiose…
La route s’étire mollement toute droite, bordée de poteaux jaunes, repères utiles qu’on appréciera dans la neige, tout en longeant la côte.

Seljalandfoss

Seljalandfoss vue du parking

Enfin on atteint la cascade de Seljalandfoss qui se jette depuis le haut d’une falaise, à un jet de pierre de la route. Peu de monde en hiver mais c’est un site couru car facile d’accès et spectaculaire. On peut s’approcher très près de la chute d’eau, et même passer derrière par un sentier pour rejoindre l’autre rive.
Mais…nous sommes en hiver et la brumisation de l’eau s’est déposée partout et a gelé consciencieusement , transformant le trajet final en patinoire. Heureusement avec nos crampons on parvient à gravir le sentier, avec une vue splendide sur la cascade se profilant sur la plaine.

La chute d’eau dans le bassin

On passe facilement derrière la chute d’eau qui se jette dans un bassin avant de se transformer en ruisseau. Le spectacle du rideau d’eau est splendide vu de l’arrière, on a l’impression d’être dans un film d’aventure où l’on va chercher un trésor…
Le trésor ici c’est la vue à travers le rideau changeant de l’eau qui descend de la falaise au gré du courant et du vent.

Derrière la cascade

Ce que nous ignorons, c’est qu’il y a une cascade spectaculaire et secrète mais bien cachée à deux pas de là…dans une grotte ! On la découvrira à notre prochaine visite, l’Islande se mérite et se découvre petit à petit, alors dans un prochain article, qui sait ?

Seljalandfoss de l’autre côté

Skogafoss

A peine quelques kilomètres plus loin et tout aussi proche de la RN1 (à croire qu’ils ont tracé la route en fonction des sites touristiques…), se visite une autre cascade près du village de Skogar.
Au fait Seljalandfoss, Skogafoss et Gullfoss avant-hier ça ne vous dit rien ? Foss ? Eh bien « foss » en islandais signifie cascade, donc parler de la cascade de Skogafoss est peu redondant mais on va faire avec…

Skogafoss est tout aussi proche de la route donc une halte facile pour les touristes, de même elle se jette de 60m du haut d’une falaise en un rideau grondant et brumeux. On peut s’approcher à quelques mètres à condition de ne pas craindre l’humidité et qui sait, trouverez-vous le coffre avec un trésor qui aurait été jeté dedans, selon la légende ? On aurait même retrouvé une des poignées visible au musée de Skogar…

Arc en ciel à Skogafoss

Avec un peu de chance, un rayon de soleil irise la brume de la chute d’eau et provoque un bel arc en ciel ; c’est le cas aujourd’hui !
Pour les plus courageux, un long escalier permet de gravir la falaise à côté de la chute et d’avoir de beaux points de vue en contrebas ; plus loin le sentier continue et permet de rejoindre le Landmannalaugar en 3 jours par des refuges, si le cœur vous en dit ?

Tout en longeant l’océan Atlantique nord, la route rectiligne nous amène près d’une curiosité naturelle et volcanique (of course), l’arche de Dyrhólaey. Un promontoire surélevé offre une vue d’un côté sur la côte et de l’autre sur la longue plage noire de Reynisfjara au pied de la montagne Reynisfjall , avec son monolithe qui semble construit de blocs de basaltes assemblés mais doit être un neck volcanique, c’est à dire le vestige figé d’une cheminée de lave , l’érosion ayant dégagé le cône du volcan.

Vue sur la plage de Reynisfjara et son monolithe.

Un peu plus loin on peut descendre sur la plage et dans des petites criques où l’océan se fracasse en vagues grondantes,

Rouleaux se brisant dans une crique.

et où la lave a formé un pont de blocs de basalte enchevêtrés.

Pont de lave

Le promontoire héberge un phare et protège la petite ville de Vík í Mýrdal avec sa petite église iconique plantée sur la colline qui domine la ville, enfin plutôt un gros village avec moins de 300 habitants, mais à l’échelle de l’Islande c’est presque une ville.

Il faut savoir qu’il y a environ 360 000 habitants en Islande dont 130 000 pour Reykjavik et son agglomération, il reste 230 000 habitants sur 100 000 km², soit 2 habitants environ par km²…

Vík í Mýrdal

La plage de galets de Vik n’incite pas à la baignade, mais plus à la contemplation et offre le spectacle de pitons de lave figés en mer : les Reynisdrangar. Selon les légendes islandaises, il s’agirait de trolls venus en mer s’emparer d’un bateau et qui auraient été figés en pierre au lever du soleil…Ce sont en fait des vestiges des pans de la falaise actuelle de Reynisfjall qui a reculé.

Les trolls de Vik ou Reynisdrangar.

La mythologie islandaise est pleine de personnages fantastiques, trolls, sorcières, farfadet et elfes. Ces derniers vivraient dans des rochers et on a même détourné une route pour ne pas les déranger… 60% des Islandais croient en l’existence du « peuple invisible ». On ne rêve pas, ou plutôt…
Et comme la langue islandaise est très ancienne et a peu évolué de part son isolement, savez-vous comment on traduit « un ordinateur » en islandais ? Une « sorcière qui compte ».

De l’autre côté, une plage de sable noir immaculée et vide s’étend jusqu’à l’horizon, battue par les vagues où l’écume s’étale.
Spectacle impressionnant de vide, de calme et de simplicité ; cette plage a été classée par un magazine comme une des 10 plus belles au monde…

Plage de Vik, une des 10 plus belles au monde…

Pour terminer la journée, nous quittons la route du bord de mer pour nous enfoncer dans les contreforts des montagnes voisines vers des gorges impressionnantes.

Fjaðrárgljúfur

Prononcez-le ?

Les gorges de Fjaðrárgljúfur sont une curiosité car comme tranchées au couteau dans la montagne environnante, très abruptes, elles sont comme un canyon atteignant près de 100m de profondeur par endroits sur 2km de long, formé par l’érosion depuis un lac à la suite du retrait des glaciers.

Le sentier d’accès monte depuis le petit parking près du pont pour aboutir au bord dominant le canyon. Le spectacle est saisissant avec le torrent courant au fond de la gorge, dans la roche rouge et jaune saupoudrée de neige.

La gorge atteint 100m de profondeur par endroits

Quelques promontoires permettent des points de vue plongeants à condition de faire attention aux faux pas ! Le spectacle change à chaque pas au soleil couchant sur la mer.

Vue de l’autre côté des gorges.

Nous logeons à l’hôtel Geirland dans un petit chalet à côté du village au nom imprononçable de Kirkjubaejarklaustur.
Le plus long nom de village au monde ?

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