Un autre monde : neige sur Mars…en juillet.

Réveil au refuge :

Petit matin au refuge de Dreki, à Askja en plein centre de l’Islande, en cette fin juillet.
Pas dérangés par les voisins aux alentours et pour cause : pas âme qui vive à des dizaines de kilomètres à la ronde… quoique hier, un bus haut sur roues est arrivé et une dizaine de tentes vertes type igloo se sont montées près de notre bâtiment ; il semble que ce sont des élèves guides en stage. Ils ont couché à la dure, sur le sol et sous la tente !
Nous on profite de notre minuscule chambre à l’abri dans le refuge… et encore prévue pour 6 personnes, mais heureusement pour nous, les deux dernières ne se sont pas présentées !

Mini chambre au refuge du Drekki

Petit coup d’œil par le rideau qui occulte la fenêtre ; surprise : une fine pellicule blanche de neige recouvre le sol et le toit avoisinant ! Il a neigé dans la nuit à 700m d’altitude ici sur le Drekki en cette fin de juillet, et pour aller au bâtiment voisin des toilettes il faudrait passer dehors à pas loin de 0°C. Heureusement on en a découvert dans le bâtiment, et s’il n’y fait pas chaud, on y reste d’autant moins longtemps…
Le temps de déjeuner et de remballer nos affaires, le refuge s’est complètement vidé ; le poêle ronronne avec sa marmite d’eau chaude dessus.

La salle commune du refuge.

Pendant le déjeuner, un garde du parc est venu parler avec nous et demander où nous allions, il nous a conseillé pour aller voir la gorge de Drekagil et surtout il nous a informé qu’un gué vers l’Herdubreid était très haut ; comme on comptait passer là pour le retour, il nous conseille d’aller nous rendre compte sur place, on peut randonner et voir par nous-mêmes si c’est passable.

On se prépare à affronter le froid et on commence par charger nos bagages dans la Land Rover, puis direction vers la gorge de Drekagil « la gorge du dragon » juste derrière le chalet, d’où s’échappe un petit torrent qui passe derrière les bâtiments du refuge.

Drekagill, la gorge du dragon.

Dans la gorge du dragon :

Le sentier part sur la droite avec la canalisation de prise d’eau pour le chalet, et remonte le long de la gorge aux parois de lave noire parsemé au fond de pierre ponce jaune, et de neige sur les dessus…
Est-ce utile de préciser que l’eau est glacée ?

Le torrent qui alimente le refuge.

Des formes fantastiques de lave sur les dessus ont dû faire fantasmer les premiers explorateurs pour lui attribuer ce nom de « gorge du dragon ».

Partout des laves noires déchiquetées, quelques fois comme des gargouilles, on monte et descend au gré des rochers sur le bord, un passage dans un névé de neige, puis la cascade apparait au fond de la gorge.

Elle tombe en hauteur dans un bassin au milieu de la neige et des rochers avec quelques traces de mousse verte. Des variations de couleur de la lave entre noir, gris et rouge enlèvent un peu de sévérité à l’endroit.

Au fond de la gorge : la cascade.

Retour vers le refuge toujours sous les formations de laves : tours, trouées, pitons qu’on n’a pas vus à l’aller. Cela donne vraiment l’impression de mottes projetées et solidifiées telles qu’elles.

Le torrent court au fond de la gorge, quelques fois sous d’épaisses plaques de neige, tantôt on le surplombe tantôt on passe juste à côté par le sentier qui nous ramène au refuge.

Tous les véhicules sont partis, il ne reste que notre Land Rover et celui des gardes du parc de Vatnajökull lorsqu’on embarque pour la prochaine halte : le refuge de Kverkfjöll, en bordure du glacier.

Retour au refuge.

Kverkfjöll « les montagnes de la gorge »

Depuis le refuge du Dreki, notre but est d’aller plus au sud vers le glacier du Vatnajökull ; ça nous semble bizarre d’aller au sud pour trouver un glacier mais c’est un des paradoxes de l’Islande, mais pas plus que la neige à 700m d’altitude ce matin de Juillet…
Nous tentons d’abord d’aller jusqu’ à L’Herdubreid, « la reine des montagnes » comme elle est surnommée, malgré le mauvais temps, mais nous avons décidé de ne pas tenter la chance avec un passage de gué risqué comme nous en avons discuté avec un des rangers du parc.

La route file au nord sur l’autre rive de la Jökulsa, parfois dans un tapis de ponces ocre au pied de monts noirs perdus dans les nuages, parfois entres champs de lave bombés, arides et sablonneux de cendres.

Et même sans personne à la ronde à des kilomètres, on fait des rencontres inattendues comme ce bus au passage d’un dos d’âne ; heureusement qu’on faisait une halte photo ! Mais tout se passe toujours bien sur les pistes en Islande : croisement, manœuvres, passages de gué, il y a toujours de la compréhension et de l’entraide.

Passage de bus…

Par endroits on vient flirter tantôt avec le pied de montagnes balafrées de ponces et de neige, ou le cours de la Jökulsa, calme ici par contraste avec son cours en aval.
Finalement on renonce à atteindre le refuge de l’Herdubreid : le plafond de nuages bas qui entoure le mont éponyme et de la neige sur ses flancs ne sont guère encourageants, on n’aurait pas vu grand-chose !

Plafond bas !

Descente plein sud vers le glacier, par la même route qu’hier, piste zigzaguant entre les montagnes tabulaires, décor ocre, gris toujours très minéral.

Piste dans le désert

Passage du pont sur la Jökulsa tumultueuse, puis à présent dans une plaine noire et sableuse aux formes adoucies. Quelques collines noires aux traces vertes de mousses semblent se teinter de rouge par endroits.

Le fleuve Jökulsa plus modeste qu”en aval…

La route continue immuable dans les sables parsemés de rocs éparpillés, curieusement, sur le sol il semble que les graviers et cailloux sont incrustés dans le sable pour former un revêtement style « granito » ; résultat de l’action des glaciers ou érosion ?

Granito islandais.

Panorama sur l’Oddarhaun : (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Subitement la route qui ondulait jusqu’à présent entre les rochers vient se heurter à ce qui semble être une muraille de plusieurs mètres de hauteur : une immense coulée de lave de couleur foncée qui se détache sur la grisaille des rochers ambiants.

une coulée de lave barre la route ?

La route se fraye un passage à grands coups de lacets, montagnes russes pour un passage optimum entre les monticules de laves sombres et déchiquetés dans cet environnement dantesque.

Peu de végétation dans ce désert.

La route continue « au-delà du Mur » comme dans Game of Thrones, sauf qu’il ne s’agit pas d’un mur de glace – ou pas encore – mais de laves ; et sans sauvageons… Quant aux spectres, la mythologie islandaise s’en charge, les silhouettes fantasmagoriques du paysage n’y sont pas pour rien !

Paysage aux silhouettes fantasmagoriques.

La piste passe par des vallées lugubres où l’on penserait être les premiers explorateurs, si ce n’étaient les autres traces de pneus qui marquent le sol. Au loin, des montagnes fantomatiques émergent de la brume, plan après plan.

Un carrefour, des panneaux : Kverkfjöll 17 km ; décidément ça se mérite et on n’y vient par hasard ou sur un coup de tête…

Route vers Kverkfjöll .

(Land) Rover sur Mars :

Le spectacle de la route vaut à lui seul le déplacement : nous roulons à présent sur une piste rouge carmin, faite de scories rouges entre les rochers de lave noire avec un dégradé de monts gris enneigés se perdant dans la brume en arrière fond. Spectacle garanti !

Piste de scories rouges.
En rouge et blanc…

Un dôme de scories présente lui aussi des variations de teinte dans les rouges, il est peut-être à l’origine de ces scories rouges, une tache rouge vers le sommet et des rayons qui s’en éloignent d’un côté.

Enfin la piste rouge brique surplombe une immense plaine étendue limitée par une barrière blanche à l’horizon : le glacier Vatnajökull.

Au fond : le glacier Vatnajökull.

Kverkfjöll

C’est en fait un massif volcanique sous-glaciaire, encore actif dû à la présence de magma à proximité sous la surface. Sa température provoque des rivières d’eau chaude sous la glace qui s’écoulent dans cette région en créant des grottes, qu’il ne faut pas explorer en été sauf à être accompagné par des rangers du camp, car il y a déjà eu des accidents mortels.
Un des plus hauts volcans culminant à 1860m s’y trouve dans une caldéra de plusieurs dizaines de kilomètres sous la glace.

La piste plonge et on la voit se dérouler jusqu’à deux baraquements : le refuge de Sigurðarskáli.

Le refuge de Sigurðarskáli.

A notre arrivée nous sommes le seul véhicule sur le vaste parking, le site se compose d’un bâtiment principal, d’un autre pour les toilettes –qu’on investit- et d’une zone de camping, le tout dans un peu de verdure qui s’accroche farouchement…

La petite maison sur la prairie.

Renseignement pris auprès de la ranger présente, il faut encore une vingtaine de minutes en voiture jusqu’au glacier et la vue n’est pas fameuse aujourd’hui. Et la température ambiante est de 4°C ! Après une courte halte photo on rebrousse chemin et on rembobine le film de l’aller à l’envers…
Piste rouge, collines veinées sous la pluie fine à présent, montagnes pyramidales solitaires émergeant de la rocaille dans la brume, telles des mésas du Colorado.

Le sol est grêlé des scories rouges sur le fond noir de cendres sablonneuses, qui disparaissent peu après pour laisser place à une grisaille uniforme jusqu’au mur de lave qu’on contourne à l’envers.

Traversée à travers des cendres noires en slalomant car la piste évite les plus gros blocs de lave difforme, comme des icebergs pétrifiés dans une mer de sable. La piste trace son chemin dans des paysages époustouflants tantôt colorés à outrance par les scories rouges…

Paysage tantôt martien…

…tantôt à travers des déclinaisons de gris et noir, pas besoin de « pellicule » couleur, la piste ondule entre des monticules lunaires et des montagnes fantomatiques qui émergent de la brume.

Paysage tantôt lunaire….

On retrouve la piste F910 de l’aller à proximité du pont sur la Jökulsa, puis on remonte vers le nord pour rejoindre la civilisation avec la RN1.

Un autre type paysage à présent, des laves arrondies, cordées et non plus déchiquetées, dans un cadre de pierre ponce ocre, on avait presque perdu l’habitude de la couleur.

Pont sur les rivières, bouquets d’orgues basaltiques on retrouve tout sous un autre angle de vue et un autre éclairage. Les gués ne sont plus qu’une formalité depuis le brevet « passe-gué ».

Passage de gué : facile !

Le temps s’est levé est la visibilité s’agrandit, on entrevoit même des « doubles » montagnes solitaires, c’est dire !

Un peu de circulation, nous n’avons quasiment croisé personne sur la piste depuis le refuge de Kverkfjöll, un 4×4, un bus, avec les presque rituels passage de gué qui ponctuent la remontée.

C’est au travers d’espaces infinis et désertiques de cette étendue sauvage, ponctués de pierres et de rocher qu’on remonte quasiment en droite ligne vers le nord pour rejoindre notre circuit.

En ligne droite !

Retour à la civilisation sur la RN1 et aux couleurs, qui passe par des monts chatoyants et couverts de verdure, qui donnent un effet pastel au paysage. On en avait presque perdu l’habitude !

Le pont suspendu sur la Jökulsa se présente, au passage le fleuve a forci et gagné du volume avec ses affluents et les récentes pluies…et neige.

Le cratère de Hrossaborg

Arrivée au cratère de Hrossaborg.

Prochaine halte : le cratère de Hrossaborg, ou « château des chevaux », car on y rassemblait auparavant les chevaux à l’automne. C’est un immense amphithéâtre quasi circulaire, né d’une explosion il y a 10 000 ans entre une montée de magma et le fleuve tout proche. Cratère de scories et téphras pratiquement circulaire, de 500m de diamètre il impressionne par ses dimensions et sa régularité et par le fait qu’on peut y pénétrer !

Panorama dans le cratère Hossaborg
(cliquer sur l’image ci-dessous)

Panorama dans le cratère Hossaborg (cliquer sur l’image)

C’est en effet un cratère égueulé mais qui a été comblé par les débordements de l’omniprésente Jökulsa et qui a servi de lieu de tournage au film Oblivion, avec Tom Cruise (l’endroit est censé être un ancien stade de football américain détruit par des extra-terrestres, où il répare un drone…), un très bon film de SF pour moi ! Et ce qui ne gâte rien, avec une très belle musique du groupe français M83 .
( A écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=05GPiKPylHY)

Regardez cet extrait d’Oblivion tourné dans le cratère jusqu’à 3:30 :
https://www.youtube.com/watch?v=B39L_tu0PjE
Ça ne vous rappelle rien ?

L’ampleur et la solitude du lieu impressionnent (comme dans le film d’ailleurs), d’autant plus que nous sommes seuls ; pas même un chien abandonné comme dans le film…le cratère est à un jet de pierre de la RN1, mais il est apparemment peu connu.

Par contre, il y a toujours du monde plus loin à Namaskard, sur le site de Namafjall pour admirer ses couleurs cristalisées, ses vasques de boue bouillonnante et ses fumerolles perpétuelles . La vue sur le lac Myvatn se dévoile d’un côté et « l’usine qui pue » – comme on l’a surnommée- et son lac azuréen de l’autre.

Couleurs et odeurs…

Demain, une grosse étape nous attend, et même LA grosse étape : la piste Sprengisandur ou F26 qui relie le nord de l’Islande depuis Godafoss, jusqu’au sud à Hrauneyjar près du Landmannalaugar, en passant entre deux glaciers sur 250km. Il est indispensable de refaire le plein, et de la voiture et de vivres pour plusieurs jours, car on ne trouvera rien pendant plus de 2 jours !

Les moutons c.. au milieu de la piste !

Toujours des moutons c.. au milieu de la piste ! Ils sont en liberté du printemps jusqu’à l’automne, où a lieu le rassemblement pour les trier par propriétaire, dans des grands enclos ronds qu’on rencontre souvent sur la côte sud de l’île.
Au fait pourquoi restent-ils au milieu de la piste alors qu’il ne manque pas de place ailleurs ? C’est en fait dû au sel répandu sur la neige en hiver qui s’accumule dans les creux et flaques d’eau, et dont les ovins sont friands, a-t-on appris plus tard…

Etape à Laugar :

Halte à la capitale locale, à la supérette bien fournie, et c’est rassurés qu’on va terminer notre périple du jour à Laugar près de Godafoss en passant devant des serres illuminées, chauffées par géothermie, qui produisent des légumes dont les islandais sont très fiers, et qu’ils exportent même. Et même des bananes !

Serres chauffées par géothermie.

Nous arrivons tard, mais la maitresse de maison accepte aimablement de nous cuisiner rapidement des truites au four, énormes et délicieuses, et une salade avec de la truite fumée par son grand-père, tendre comme du beurre ! Un repas et un accueil mémorable…

 Nous passons la soirée à parler avec les jeunes propriétaires, d’où nous venons, de l’Islande (saviez-vous qu’il y a à peu près 3 fois plus de moutons que d’islandais), de la météo actuelle (sujet universel…).
C’est le pire été depuis 1996 parait-il (on en avait comme un pressentiment…) de ce fait, des éleveurs ont dû aller dégager des moutons pris dans la neige jusqu’au cou.
Et on finit la soirée autour d’un whisky offert par son mari ; quelle réception ! Ça sera de loin notre meilleur B&B de tout le séjour…

Vue imprenable et reposante sur la région depuis les baies vitrées de la maison, au loin la RN1 et sa circulation (une voiture toutes les 10mn le soir…) pour un repos mérité dans une grande chambre de la maison. Demain petit déjeuner matinal demandé pour partir à 8h30 et affronter la piste Sprengisandurs, ses gués et ses surprises !

Un autre monde : route Nord

Nous sommes à présent au nord de l’Islande, après avoir traversé l’île du sud au nord en partant de la pointe sud-ouest à l’aéroport de Keyflavik et une halte dans les montagnes de Kerlingarfjöll. A travers pistes et déserts, nous avons rejoint la civilisation et la route n°1 pour faire notre seconde halte près de Varmalid, petit village dans les prairies verdoyantes.

Varmalid

Réveil gris à la guest house Steinstadir à Varmalid : sous un ciel de plomb, il bruine lorsque nous partons. Nous cherchons les cascades de Reykjafosss qu’on a localisé à proximité d’ici lors de nos préparatifs, mais au vu du cours calme de la rivière on doute qu’elles soient par ici.
Renseignement pris auprès de la guest house, la jeune fille m’a expliqué qu’elle doit se trouver un peu en aval : il faut tourner au prochain pont à droite, passer la rivière et après une montée prendre une piste à travers champs jusqu’au point de vue.
En suivant les indications on trouve bien les chutes d’eau, au bout d’une marche à travers champs et portails à bien refermer après passage. Elles sont splendides !

Les cascades de Reykjafoss

Les chutes sont étagées en de multiples niveaux par paliers, s’alimentant les uns les autres, on dirait un jeu de construction cubique arrosé…La rivière fait un coude juste avant les chutes et une autre rivière rejoint le bas des cascades dans un canyon.

Les chutes sont étagées en de multiples niveaux

Même s’il pleut et qu’il fait gris, on s’attarde à les photographier sous différents angles ; en effet un ciel nuageux ajoute toujours du relief par rapport à un ciel uniformément et désespérément bleu ; ici on est gâtés…

Les chutes se jettent dans un canyon

Vydimiri

Étape suivante juste à quelques encablures, à Vydimiri, pour sa petite église de bois noir aux murs de tourbe. Depuis le 12e siècle une église existe ici mais celle-ci date de 1834, tout en ayant réutilisé des vestiges de 1616, et elle sert toujours pour les offices religieux.
Il n’y a personne lorsqu’on arrive alors que s’annonce un bus de touristes ; on se dépêche de passer le portail de bois vert tendre puis le portillon vert foncé (décidément le curé local est écolo !) du cimetière avec ses deux cloches.

A Vydimiri

Et voici l’église au bout d’une petite allée dallée : les soubassements des côtés sont en plaques de tourbe, posés en diagonale : pourquoi ? Il semble que cette disposition résiste mieux aux tremblements de terre…

L’église au bout d’une petite allée dallée

Murs de bois teints en noir, autrefois c’était avec le goudron des bateaux, aux encadrements soulignés en rouge, le toit est couvert de plaques de gazon, du soubassement au sommet, l’herbe pousse dru ; est-ce qu’on la tond seulement ? On a parfois vu des moutons s’aventurer sur des toits semblables.

Soubassements en plaques de tourbe

Pas de signes religieux hormis la discrète croix au dessus du portillon et au faîte du toit où deux planches se croisent comme des cornes de taureaux.
Pas de signes ostentatoires, en effet l’écrasante majorité des islandais sont luthériens, mais une grande partie aussi -bien que cela ne soit pas considéré comme une religion-, croient aussi en la présence d’un Huldufólk, (« peuple caché ») en affirmant croire aux peuples invisibles et merveilleux et en la présence de trolls et d’elfes dans le pays…
Attention on ne rigole pas ! Un projet de route a même été détourné car celle-ci aurait traversé un rocher connu pour abriter des elfes.
Une autre planète, aux autres croyances…

Porte basse, fenêtres carrées et minuscules on se croirait plutôt près d’une maison de conte de fées qu’à l’église…

L’intérieur de l’église de Vydimiri

L’intérieur est intégralement en bois, et tout aussi splendide que minuscule : du sol au toit en passant par les murs, grilles et les bancs, tout est en bois. Ce qui est du luxe en Islande où le bois était une matière d’exception, toutes les forêts ayant été rasées dans le passé, le seul disponible étant le bois flotté arrivant poussé par les courants marins, souvent de Sibérie…

En bois du sol au plafond

Autour de l’édifice, une prairie verte, des arbres, un cimetière clos par une petite grille de bois vert. Quelques tombes où les noms finissent en « dottir » (fille de..) ou « son » (fils de…) vous vous rappelez ?

L’arrière de l’église

La horde touristique est repartie ainsi qu’un groupe de motards. L’église et son cimetière retrouvent le calme séculaire et sa sérénité près du ruisseau, à l’abri de son écrin dans la verdure.

Route vers Myvatn

Reprise de la grand route RN1 vers Myvatn, notre destination. Ou du moins c’est ce que nous croyons…Quand on croise la ferme de Glaumbaer, qu’on a déjà visité il y a quelques années et qui se situe vers le nord ! Des vestiges d’une ferme typique aux petits bâtiments accolés, au toit couvert d’herbe, adossés à la colline…et beaucoup de touristes car l’endroit est pittoresque et témoigne du passé islandais.

Tant pis, on a le temps sur cette étape et on poursuit notre chemin vers le nord, le long du large estuaire d’un fleuve qui semble paresser en slalomant dans son large lit entre les prairies où l’on fauche l’herbe pour l’hiver. L’été ne dure que deux mois ici et il ne faut pas perdre de temps, certains champs sont ponctués de ballots d’herbe empaquetés de blanc.

Fenaison et ciel bas

Beaucoup de grosses fermes aux couleurs chatoyantes, vert olive, bleu canard… les nuages s’accrochent toujours aux coteaux des montagnes et ne semblent pas décidés à lever le camp. Enfin on voit non pas le bout du tunnel, mais la ville de Saudarkrokur au fond de la baie de Skagafjordur qu’on franchit sur un pont à l’embouchure avec un panneau “Attention vols de fulmars” ; non, il n’y a pas de base aérienne à proximité, ces sont de grands oiseaux de mer !

Saudarkrokur et la baie de Skagafjordur

On espérait se rapprocher d’un phare pour la vue mais sans succès, donc on redescend vers la RN1 après un arrêt panoramique en haut d’une côte dominant l’eau bleu-vert de la baie. Une descente vertigineuse et c’est l’autre côté de l’estuaire avec ses prairies verdoyantes, puis on retrouve la route principale après ce détour involontaire.

Route vers Myvatn

La route sinue à présent comme dans une vallée alpine entre deux montagnes et au milieu coule…un torrent. Le temps a l’air de se lever et on aperçoit des bribes de bleu dans le blanc laiteux du ciel. Il reste quand même une belle couche cotonneuse qui occupe presque la moitié de la visibilité latérale. Le paysage est bucolique avec ses prairies, son torrent, ses fleurs qui contrastent avec les déserts de la veille.

On oublierait pour un instant qu’on se trouve au pays des volcans et glaciers… Tous les sommets avoisinants dépassent les 1000 m et sont couverts de neige, l’un d’eux est même couronné de nuages, leurs versants charbonneux et ravinés se couvrent de verdure d’un vert cru qui tranche singulièrement sur le sol noir.

Écharpes de nuages sur les montagnes

Dans les zones humides poussent des linaigrettes, blanches et duveteuses qui survivent au froid hivernal. Les nuages tentent un dernier round en s’accrochant aux sommets mais c’est le soleil qui l’emporte enfin dans un ciel bleu sur le paysage alpestre peuplé de…moutons, bien sûr !

Montagnes noires et pâturages verts.

Petites fermes colorées en bleu, vert, rouge, vallée glaciaire façonnée par les antiques glaciers il y a des milliers d’années, petit à petit on se rapproche de Akureyri, la 2e ville du pays avec…18 000 habitants.

Halte à côté de la route, au bord du torrent sur une aire aménagée dans les arbres, tout y est prévu : tables, poubelles, WC, panneaux explicatifs, vraiment bien aménagé et on retrouve cette attention à chaque site touristique jusque au fin fond du pays !

Halte bucolique

La halte est bucolique dans les arbres, le trafic routier n’est pas l’autoroute, il y a peut-être une voiture à la minute. Le torrent d’eau émeraude coule juste à côté, une fermette aux tons bleu canard s’agrippe aux flancs de la montagne et des écharpes de nuages s’accrochent aux sommets, un vrai tableau coloré.

Paysage bucolique d’Islande

Une fois restaurés la route reprend et débouche alors de la vallée encaissée dans une plaine au bord du fjord Eyjafjördur au fond duquel se blottit Akureyri. Route moins sinueuse, paysage entièrement agricole de champs et fermes, toujours notre torrent bleuté comme guide et les nuages accrochés aux montagnes.

Akureyri

A présent nous sommes tout proche d’Akureyri, l’horizon est barré par une chaine de montagnes à moitié enneigées de l’autre côté du fjord, c’est normal nous sommes à présent dans le nord-est de l’île, une des régions plus froides, les hautes terres du centre mises à part.
La route surplombe le fjord et son eau d’un bleu profond ; petit arrêt photo panorama sur le côté, qui vaut le coup d’œil avec en prime un ciel bleu et le soleil qu’on n’avait pas revu depuis notre arrivée, quoique nettement moins chaud que dans le midi…

Au bord du fjord Eyjafjördur

Ville de 18 000 habitants, 2e ville du pays, hormis l’agglomération de Reykjavik. Tout est dit, les 2/3 de la population sont autour de la capitale, Reykjavik, il reste un peu plus de 100 000 islandais sur 100 000 km², le calcul est vite fait : un habitant au km² environ ! Mais Akureyri reste une ville agréable, au bord du fjord azur sous le soleil, ne serait-ce la neige aux alentours (et la température !), le port avec ses voiliers se donne un air tropical.
Au fait vous avez peut-être déjà entendu parlé d’ Akureyri ? Si vous avez lu “L’étoile mystérieuse” avec Tintin, c’est là que le bateau de l’expédition polaire commandé par le capitaine Haddock fait halte pour se ravitailler. Fin de l’épisode littéraire !

Vue du port d’ Akureyri

Une halte à l’office du tourisme pour essayer de trouver un canyon à visiter, un tour de magasins et c’est reparti, la route contourne le fjord Eyjafjörður jusqu’au fond et gravit la rive opposée. De là, une vue plonge sur toute la cité d’Akureyri et ses quais qui accueillent même un paquebot de croisière.

 On distingue aussi la cathédrale à l’architecture moderne semblable à la Halgrimskirkja de Reykjavik, en orgues basaltiques stylisées : c’est normal, c’est le même architecte ! Et toujours les lupins omniprésents qui illuminent le paysage et colonisent l’île.

Un magnifique panorama avec les montagnes veinées de neige à l’arrière-plan, la ville au bord de l’eau dans son écrin de verdure et le fjord bleu qui s’étire à perte de vue. Certaines montagnes à droite vers l’embouchure ont l’air d’avoir été rasées au couteau à la même altitude, ceci est dû, parait-il à des éruptions sous le glacier qui recouvrait alors l’Islande.

Akureyri et les montagnes plates en arrière plan

Toujours plus avant, la route remonte le fjord puis oblique finalement vers l’est par un col entre les montagnes noires toujours sous un ciel bleu ensoleillé, et on bascule ensuite vers une vallée verdoyante où là aussi, on a fait les foins, parsemant les champs des balles foin emballées de blanc Plus loin des chevaux paissent parmi des myriades de boutons d’or.

Chevaux et boutons d’or

La chute des dieux :

Godafoss, dite “chute des dieux”, car la légende raconte qu’à l’époque de l’évangélisation de l’Islande, un chef viking y jeta les statues des anciennes divinités païennes en signe de soumission à la nouvelle religion.
A mesure qu’on approche de la cataracte, la brume d’eau qui s’élève des chutes est bien visible.

Les chutes de Godafoss

La cascade fait partie des sites les plus visités sur l’île en ayant l’avantage d’être sur la RN1 ; les mauvaises langues prétendent que la RN1 a été tracée en fonction des sites touristiques…Il y a encore beaucoup de monde en cette fin d’après-midi, malgré le ciel qui se charge à nouveau en nuages sombres.
Le site est magique avec la rivière qui se divise en deux cascades de hauteurs différentes et avec un bloc de rochers qui émergent du bassin pour rompre la monotonie, un vrai régal pour la photographie…

Comme une cascade de lave…

La montagne solitaire :

Dernier tronçon jusqu’à notre halte du soir et pour deux jours, à la guest house Stöng à proximité du lac de Myvatn, car il y a beaucoup à explorer dans la région. Des monts impressionnants se dressent hors de la plaine, avec une montagne tabulaire coiffée d’une bande de nuages affleurant juste le plateau, puis le Vindbelgarfjall qui culmine à 530m, une montagne solitaire comme dans “Le Hobbit” mais -probablement- sans dragon.
On se propose de la gravir pour profiter du point de vue sur tout le lac et ses alentours. Il fait beau, grand soleil et ciel bleu et quand on connaît le dicton islandais “si tu n’aimes pas le temps qu’il fait, attends dix minutes” on ne sait pas ce que nous réserve le lendemain, donc on tente l’ascension.

Vindbelgarfjall, la montagne solitaire

Petite route à gauche avant le grand lac de Myvatn, le parking est en bord de route, c’est indiqué assez sommairement par un simple panneau. De là un sentier court à travers les laves et les « gâteaux de lave” il y en a plusieurs, et même une bulle de lave ouverte comme un œuf de dragon, on pourrait rentrer sans problème à l’intérieur.

A présent qu’on est au pied du mur, ou plutôt de la montagne, malgré ses 530m elle semble beaucoup plus imposante de près que de loin ! Il y a 250m seulement à gravir en majorité sur 400m de distance…et les petits points qu’on entrevoit sur la crête sont bien des gens, c’est là qu’on se propose d’aller !

L’endroit est très humide, il y a une petite mare et on entend beaucoup d’oiseaux gazouiller dans les buissons ; il y a environ 2 km d’approche plus ou moins plate puis on attaque l’ascension dans les arbustes par des escaliers taillés dans la terre.

Vue sur la plaine et étangs

On gravit ensuite des marches de pierre taillées pour les Trolls puis une sente est tracée dans les éboulis de cailloux, parfois balayés par des bourrasques de vent froid, c’est vrai qu’on est encore et toujours en juillet…

La vue porte alors sur l’arrière montagne, plaine sans défaut avec une immense étendue d’eau aux multiples ilots de verdure illuminée par le soleil, le sentier grimpe en lacets incessants, littéralement à flanc de montagne toujours dans les cailloux, plus ou moins bien tracé.
La fin est moins abrupte mais le sol est plus poudreux et le vent soulève tant de poussière et de sable qu’il faut fermer toutes les écoutilles : lunettes, capuches, pour arriver finalement au sommet !

Une sente est tracée dans les éboulis de cailloux

Un vaste plateau où la vue est époustouflante sur toute la région à plus de 10 km aux alentours. D’abord sur le tout le lac Myvatn à nos pieds, à gauche Reykjalid la “ville” locale, Hverfell l’immense cratère régulier de scorie grises de 1 km de diamètre, Dimuborgir “le château noir” avec ses formations de lave, Skutustadir et ses pseudos volcans.

A nos pieds, la route d’accès et le parking, un Land Rover miniature – le nôtre- et juste à côté, quelques pseudos volcans qu’on n’aurait pas considéré plus que des taupinières autrement.
Pourquoi des « pseudos volcans » ? Car ces cratères presque parfaits ne sont pas issus d’une cheminée crachant lave et scories, mais de coulées de lave bouillante rencontrant des poches d’eau dans le sol, la vaporisant et explosant sous forme de bulles…

Pseudos volcans au bord du lac Myvatn

En arrière-plan derrière le lac Myvatn les montagnes de Blafjall, Burfell et la passe de Namaskard vers Namafjall, la zone du Krafla où continue la RN1. Malgré le beau temps, il ne fait pas chaud au sommet balayé par les vents et on ne s’attarde pas une fois repus de la vue.

Panorama depuis le sommet du Vindbelgarfjall

Panorama depuis le sommet du Vindbelgarfjall (cliquer sur l’image)

La descente est plus rapide que la montée par le sentier zigzaguant dans les cailloux, tout en prenant garde à ne pas chuter…A travers la zone désolée supérieure et caillouteuse la pente est quasiment à 45°, puis le sentier s’assagit vers le bas, toujours avec la vaste étendue d’eau et sa myriade d’ilots verts, qui reflète le soleil.

Passage dans la “forêt” d’arbustes hauts de 1,5 m qui doit s’alimenter de l’humidité lacustre, parsemée de fleurs comme la Bartsie alpine violacée, Silènes et d’autres encore.

Bartsie alpine violacée

Rencontre avec un des oiseaux entendus à l’aller ; il est moucheté sur le dessus, une bande blanche et noir sur le ventre, peu farouche il sautille dans l’herbe à quelques mètres de nous, c’est un pluvier doré !

Un pluvier doré

Fin de l’épisode Vindbelgarfjall, éreintés mais émerveillés, il faut à présent gagner Stong, notre logis. Sur la RN1 à quelques kilomètres, une grande pancarte indique le chemin à travers presque 5 km désertiques de lande, pâturages humides hantés par quelques moutons, arrosés par des ruisselets se déversant dans le fossé au bord de la route d’accès.

Stong

La ferme de Stong abrite une guest house dans des maisonnettes avec une cuisine indépendante, toilettes communes mais très modernes et complètes, chambre miniature mais il y a une table et un lavabo. Nous sommes très bien accueillis et on nous propose le repas du soir, et nous faisons notre choix dans la carte du jour : soupe du jour, agneau rôti ou morue et légume, skyr ou crumble en dessert…On l’a bien mérité après notre ascension !

Au fait… On dit qu’en Islande le plat du jour, c’est la morue. Tous les jours.
Si vous n’aimez pas le poisson ? Bon, c’est un peu exagéré…mais si vous ne voulez pas manger au restaurant car ils sont chers (ou rares parfois) le choix est quelques fois restreint en guest house, au poisson ou agneau, mais tous deux excellents et on est fier de vous servir des produits maison (pain, pâté, confitures…) et locaux (légumes et fruits de serre géothermique) !

Fin de la journée à notre petite maison dans la prairie, pas de risque de se fâcher avec nos seuls voisins à 10 km à la ronde…les moutons.

Un autre monde : bienvenue en enfer !

Voyage en enfer

Réveil au camp de Kerlingarfjöll, nous sommes en plein milieu de l’Islande dans notre chalet miniature, arrivés de Reykjavik la veille…

Au refuge de Kerlingarfjöll

Le plafond nuageux est si bas qu’on ne sait pas si c’est les nuages qui sont descendus ou le brouillard qui est monté…
Le petit déjeuner est servi  dans l’autre bâtiment où se situe la salle commune et l’accueil : cérémonie des chaussures à l’entrée, comme c’est la coutume dans tous les pays nordiques, et premier déjeuner islandais avec charcuterie, fromage, skyr (yaourt épais aux fruits), pains maison, confiture etc…
Rien que du calorique tout ce qu’il nous faut pour notre expédition du jour ! Il y a déjà plusieurs personnes de tous âges, même avec des enfants en bas âge, ou des personnes d’un certain âge, comme quoi on trouve de tout dans ce bout du monde au milieu du pays…

Avant de partir, je demande à la gardienne le chemin pour se rendre sur la zone géothermique avec ma carte ; elle me dit :” I have a better one ! ” (J’en ai une bien meilleure !), et me donne une carte détaillée des environs. Le site est à 2h de marche environ ou 1/4h en voiture ; le choix est vite fait vu notre emploi du temps chargé pour la journée et la météo bouchée.

La piste démarre juste derrière le campement et monte carrément sur la crête de la colline, mais la vue est très limitée à quelques mètres par le brouillard épais. On espère que le temps va se lever par la suite…en naviguant à vue et suivant les rares panneaux, on descend, remonte pour traverser dans un creux une zone neigeuse, a moitié fondue avec des ornières de boue de 25 à 30 cm tracée entre deux pans de neige de 1 m de haut !!!
Pas question donc de passer à côté…Donc, passage du Land Rover en boite courte, petite vitesse et en avant ! Sur le côté et en diagonale pour ne pas avoir les 4 roues dans les ornières, ça patine un peu mais ça passe !

Land Rover et la cabane au fond du…désert !

Laborieusement et lentement, on continue de gravir les pentes pour finalement arriver sur un plateau désertique avec un abri-refuge caractéristique en Islande en « V » inversé, la piste s’arrête un peu plus loin, barrée par des lourds blocs de pierre, personne d’autre…
Dès qu’on arrête le moteur et descend de voiture, on entend un souffle et des bruits irréguliers, comme des « ploups » de temps en temps.

A quelques mètres du parking le sol est perforé de trous d’où s’échappe de la vapeur et l’odeur sulfurée ne fait aucun doute, on voit quelques évents colorés de gris, où la vapeur soufrée changée en acide sulfurique a transformé la lave en glaise grisâtre, et d’autres zones colorées en jaunes-orange et rouge avec des dépôts de souffre ou de rhyolite.

Les montagnes de la femme troll

C’est en effet la traduction de Kerlingarfjöll, femme troll qui devait être la sœur du géant Surtur dans la mythologie nordique…Un jour elle n’est pas rentrée à l’abri avant le lever du jour et a été transformée en pierre comme tous les trolls, mais vous le savez déjà probablement…
A proximité du glacier de Höfsjokull, haut de 600m à 800m, le massif de Kerlingarfjöll a été formé par des éruptions sub-glaciaires à la fin de l’âge de glace.
La rhyolite (roche volcanique orangée typique d’éruption sous la glace) et la caldera (cuvette volcanique) témoignent d’un volcan central, éteint depuis des milliers d’années, certaines rhyolites sont recouvertes de lave ce qui est assez rare.

Le sentier se poursuit pile sur la crête de la colline vers l’inconnu …

Le sentier se poursuit après les panneaux explicatifs et file droit, pile sur la crête de la colline vers l’inconnu ; à droite on entrevoit dans le brouillard une rivière qui serpente entre des versants colorés et enneigés.

Le site se dévoile soudain hors de la brume, avec ses fumerolles et ses colorations caractéristiques. Juste après, un escalier à pic taillé à flanc de montagne plonge dans la vallée avec ses vapeurs incertaines et ses bruits inquiétants dans la brume.

Le site de Kerlingarfjöll : descente en enfer ?

Bienvenue en enfer !

Le site est impressionnant par ses vues à pic et ses palettes de couleurs même atténuées par la brume, ce qui le rend encore plus mystérieux car on ne les découvre que par à coups. Les paquets de neige donnent une allure fantasmagorique en plus, avec quelques traces de verdure presque incongrues dans ce décor apocalyptique.

Une vue de Kerlingarfjöll

Tel Dante accompagné de Virgile, notre descente aux enfers commence donc, depuis la crête vers le fond de la vallée encaissée et dans le brouillard ; brouillard ou fumerolles ? La descente se fait précautionneusement par l’escalier taillé dans la rhyolite orange, comme une lave recuite et érodée, très friable et glissante par temps de pluie.

La rivière elle-même semble fumer par endroits et bouillonner

Une fois arrivés au niveau de la rivière, on est entourés de jets fumants, projetant de la vapeur, la rivière elle-même semble fumer par endroits et bouillonner au milieu de la neige ; les versants des collines sont colorés de l’ocre à l’orange en passant par le jaune, du gris au mauve en passant par le bleu, l’eau elle-même passe par toutes les variations de bleus.
Sans parler du bruit incessant des jets de vapeurs et bouillonnements de tous les côtés comme des machines à vapeur discordantes et des odeurs sulfurées qui planent dans l’air !

Plusieurs ruisseaux parcourent les gorges du site, des pontons en bois permettent de passer d’une rive à l’autre, et des sentiers tracés permettent de le parcourir ; il faut éviter de s’en écarter car on n’est jamais sûr de la température et de la résistance du sol à un pas près, comme des jets de vapeurs ou des mares de boues mijotent lentement, au contraire des flaques d’eau bouillantes couvertes de bulles pressées qui parsèment le fond et les versants avoisinants. 

Dépôts de soufre et cristalisations

Au voisinage de certaines fumerolles, des dépôts de souffre et cristallisations semblent comme les croutes de la palette d’un peintre géant – peut être encore un troll mythologique – avec des jaunes, rouges, bleus, gris…

Une palette de peintre ?

Il est difficile de rendre l’ambiance de l’endroit, et de restituer les impressions tant il y a à voir et entendre !

Une autre partie de la vallée s’atteint par le passage d’un pontet en bois, un immense névé neigeux est encore là malgré les fumerolles bouillantes à quelques mètres la température ambiante n’est pas chaude.

Cette partie est plutôt l’ocre foncé de la rhyolite avec tous ses dégradés, aux versants veinés de marron foncé, gris. Une fois la montée bourbeuse franchie, un point de vue sur le confluent des vallées en bas et sur l’autre versant, raviné et coloré comme dessinant un tableau abstrait tout en dégradé de couleurs, “grandeur nature”.

Tableau abstrait grandeur nature

Tout en continuant le long de la crête d’une colline, la vue sur le versant opposé est totalement différente : la paroi est entièrement couverte de fissures d’où s’échappent des solfatares, le sol est coloré de dégradés de marron, de jaune, d’ocre, de gris, de bleus.

C’est l’opposé de l’autre versant autant il est calme et reposant, d’une teinte unie en dégradé, autant ce côté est tourmenté, balafré par les ravines et fumerolles, aux couleurs chatoyantes et variées, aux reliefs perturbés.

Comme incongru dans ce paysage perturbé, un dôme de rhyolite presque parfait tranche de ce côté du site. De plus l’atmosphère irréelle est renforcée par le brouillard ambiant et le plafond bas qui tend à donner un aspect mystérieux et dantesque à tout le paysage.

Un dôme de rhyolite presque parfait

Les fumerolles redoublent d’activité par moment ou s’amenuisent à des rythmes imprévisibles rendant la vue tantôt dégagée, tantôt bouchée. Par endroit les minéraux issus des fumerolles déposent tantôt des cristallisations superbes telle une palette de peintre desséchée, ailleurs c’est la boue desséchée qui forme comme une mosaïque antique colorée et assemblée.

Une fois parvenu au bout du sentier suivant la crête, on rebrousse chemin et redécouvre ces merveilles de part et d’autre vues sous un autre angle et toujours aussi fantastiques, mystérieuses et impressionnantes.

Comme je suis seul sur la cime entre les deux versants antagonistes, le calme et l’unité de couleur face à la débauche d’énergie et de teintes j’en profite pour faire un panorama à 360° (Cliquer sur l’image ci-dessous pour visualiser).

Panorama interactif 360° du site de Kerlingarfjöll (cliquer sur l’image)

Redescente vers les ruisseaux par le même itinéraire incertain, boueux et enneigé, décors de rhyolite orangée, sols gris de plomb, fumerolles et cristallisations, traversée de la rivière fumante et bouillonnante, pour finir par l’escalade interminable de l’escalier vers le plateau final : un vrai itinéraire digne de Bilbo le Hobbit en route pour le Mordor !

Le plafond des nuages et du brouillard s’est enfin un peu levé et dévoile mieux les parois des vallées avoisinantes avec leurs teintes et dégradés magnifiques dont nous sommes encore les seuls à jouir.

Les fumerolles sont alignées le long d’une ligne de faille

Peu de verdure dans ce monde minéral mais quelques traces quand même d’une végétation spécifique et qui a su s’adapter à ces conditions extrêmes : on trouve des mousses spécifiques à l’activité géothermique ainsi que des lichens qui ajoutent une faible touche de vert au paysage.

Depuis le parking sur le plateau, d’en haut on remarque que les fumerolles et sites géothermiques ne se limitent pas au fond de la vallée mais s’étendent aussi sur les flancs et sommets alentours suivants de lignes à peu près régulières, les failles sismiques probablement. Le Land Rover nous attend sagement alors que les voitures commencent à arriver : tant mieux, nous avons pu profiter de tout le site de Kerlingarfjöll pour nous seuls dans une ambiance mystérieuse et unique…

Il y a quand même quelques notes de verdures et de rares fleurs qui survivent dans cet environnement rude et désertique, comme la silène acaule typique avec sa coupe « en boule » et les dryades qui survivent dans les cailloux et éboulis.

Touffe de silène acaule

Retour au camp par la route avec une visibilité meilleure, la vue est dégagée à présent sur la vallée plate qui se dévoile mais le ciel est toujours plombé. Le refuge dans son écrin d’oasis verdoyante et le site grandiose et mystérieux valent bien le détour depuis la piste de Kjöllur !

Hveravellir, « le champ des sources chaudes »

Même si les pistes de l’intérieur de l’Islande sont bien moins fréquentées, on fait des drôles de rencontres, de drôles de véhicules. Que ce soit des marcheurs avec leur paquetage en plein désert de cailloux à des dizaines de kilomètres de nulle part, des cyclistes sous la pluie battante voir même un marcheur qui tirait son paquetage sur une remorque, et des bus surélevés à toute allure.

Ici c’est une « coccinelle » VW qui passe devant nous à un arrêt photo, un petit coucou, elle est passée : ce sont des allemands venus avec leur propre voiture, probablement à travers le Danemark et par ferry via les iles Féroé jusqu’à la côte est, un sacré périple !

La coccinelle en Islande…

Depuis Kerlingarfjöll nous rejoignons la piste Kjöllur en déroulant le chemin à l’envers jusqu’à la piste vers le nord pour l’étape vers Varmalid en fin de journée. La route continue vers le nord toujours ondulant dans une plaine désertique brune de cailloux avec de rares touffes de végétation. De loin en loin On aperçoit la forme caractéristique en cône des volcans classiques ou même de volcans « boucliers » moins pointus et plus avachis, ainsi que le glacier Langjökull qui se profile à l’horizon vers l’ouest.

Désert autour de la piste Kjöllur (CLIQUER SUR L’IMAGE POUR AGRANDIR)

Après une trentaine de kilomètres se présente le carrefour vers Hveravellir. C’est un autre site géothermique et une halte sur l’axe sud-nord. On y trouve aussi un refuge et un camping comme à Kerlingarfjöll mais beaucoup plus fréquenté car plus accessible depuis le nord, à deux pas de la piste principale, et surtout un petit bassin d’eau provenant d’une source chaude où l’on peut se tremper en toutes saisons. De nombreuses randonnées sont possibles autour du campement ce qui en fait un point assez fréquenté, même s’il y a moins de monde que dans le cercle d’or.

Le champ des sources chaudes

Une des premières choses qu’on rencontre, c’est un monument symbolisant deux cœurs en pierre dans une cage de fer et de roc, à la mémoire d’un hors la loi, Eyvindur, qui vécut avec sa femme dans ce désert de pierre, s’abritant dans une faille qu’il avait aménagée à côté de la source chaude. Il fallait vraiment en vouloir pour s’exiler dans un tel coin perdu…

A la mémoire d’un hors la loi, Eyvindur,

Le parcours commence autour du bassin d’eau chaude où pataugent de nombreux touristes malgré le temps frais et pluvieux : ils sont une douzaine dans le bain ! Attention ce n’est pas une piscine, juste un bassin de 4-5m de diamètre, si l’envie de vous tremper vous prend et qu’un car de touristes vient d’arriver, c’est manqué !

Le minuscule bassin (en bas à droite)

Des passerelles de bois parcourent le site de Hveravellir et permettent de franchir les marécages sans abimer la flore…

…et mènent aux premières cuvettes bouillonnantes et fumerolles très actives, ici pas d’odeurs soufrées il s’agit uniquement et heureusement que de vapeur d’eau mais très chaude !

Chaud devant !

Autour des bassins se sont déposées de concrétions typiques de l’endroit et originales de geysérite en plaque fines et concentriques qui rappellent un peu les dépôts de calcite dans les bassins des grottes souterraines.

Il y a notamment une petite vasque bleutée nommée Blahver, avec les concrétions s’étageant en pile d’assiettes qui est de toute beauté ! Un fin dépôt blanc s’est aussi solidifié vers la surface de l’eau qui semble si fragile qu’un coup de vent pourrait le casser…

Une petite vasque bleutée nommée Blahver

Plus loin un évent pyramidal qui porte le doux nom de Öskursholsver, « la source qui crie », s’est construit sur une pile de couches de geysérite et émet de la vapeur à un rythme discontinu comme une respiration en tournant suivant le vent.

Öskursholsver, « la source qui crie »

Ailleurs une autre vasque bleue fume doucement, enchâssée dans de fines couches de minéraux blancs et ocres qui se sont déposés et surplombent la surface de l’eau. Cela semble si fragile et en suspension qu’on se retiendrait presque de respirer ! Heureusement ces constructions sont assez protégées par le cheminement sur les passerelles aménagées en bois entre les vasques et évents.

Une autre vasque bleue fume doucement, enchâssée

En s’engageant sur un des sentiers qui s’enfonce dans les champs de lave alentours, à peu de distance la végétation reprend place, preuve qu’il y a de l’eau et un sol fertile et l’on a une vue globale du site avec ses trainées de vapeur à l’horizon. La sente serpente dans la lave irrégulière jusqu’à une antique bergerie semi-enterrée restaurée avec son toit de gazon- dommage que la tôle ne soit pas entièrement masquée-, ses murs de lave et son intérieur austère et rustique.

Toujours dans le désert du champ de lave, à présent très plat et très vert au contraire de Kerlingarfjöll qui est un ancien cratère, il s’agit ici d’un épanchement d’un flot de lave qui s’est solidifié, quelque fois en formant comme des bulles qui ont gonflé et fissuré en se crevant, on les surnomme des « gâteaux », certains formant des cavernes de plusieurs mètres permettant des abris naturels.

Un abri sous la lave

Rien d’autre sur des kilomètres carrés, à l’horizon des montagnes enneigées qui bordent l’extrémité nord du glacier qu’on a longé depuis hier, qui mérite bien son nom de Langjökull, le glacier long. On trouve parfois quelques touffes de fleurs mauves ou blanches, rases et par paquets.

Sporadiquement, des « gâteaux » surgissent ici et là du paysage de lave figée, bombés en un dôme presque parfait et craquelés comme s’ils avaient trop cuit !
Un des plus imposants de ce parcours est nommé Evindarett qui doit bien faire plusieurs dizaines de mètres de diamètre pour une dizaine de mètres de haut ! On raconte que c’est l’ancien parc à moutons du hors-la-loi précédemment cité.
Si vous regardez attentivement, il y a une personne debout à son sommet, cela vous donne l’échelle du gâteau !

Evindarett : si vous regardez attentivement, il y a une personne debout à son sommet…

La bulle de lave s’est fissurée en son milieu et permet de grimper à l’intérieur entre deux murs de lave jusqu’à son sommet.

De là on domine toute la plaine monotone de lave et la vue porte à des kilomètres à la ronde, jusqu’à Hveravellir qu’on reconnait à son agitation par rapport au calme d’ici…

Un petit panoramique sur la morne plaine mais qui a son charme et c’est retour vers Hveravellir sans passer par Strytur, un cratère de volcan qui semble intéressant mais encore assez loin et on doit faire des choix !
Encore de magnifiques « gâteaux » qui parsèment les alentours et dont on ne se lasse pas, un petit cône de lave et c’est le retour par un sentier en boucle qui nous ramène au point de départ.

Qui dit herbe dit moutons en Islande, on n’en verra jamais dans les déserts de pierre mais ici ils ont conquis le terrain et broutent sur le sentier ; tout doucement on les approche, car ils sont assez sauvages pour les photographier, à pas de… loup ! Et c’est la débandade…la plupart du temps par trois, il y a une brebis et ses deux agneaux des années précédentes, même s’ils sont d’un fort beau gabarit, ils la suivent encore comme leur ombre.

Plus on se rapproche du site géothermique, les vapeurs et fumerolles jaillissent du sol, ainsi que des sources de chaleur qui émanent de failles entre les rochers.
Autour de ces points chauds la végétation s’est concentrée et diffère des herbes et des mousses du champ de lave. Une multitude de petites fleurs mauves et rases, c’est du thym arctique, eh oui il pousse du thym sous ces latitudes, moins fort en parfum mais thym quand même, une espèce parmi plus de 300 !

Ici la mousse a pris une curieuse teinte jaunâtre sans doute adaptée au régime chaud et sulfuré à proximité des évents provenant du sous-sol, le sol est devenu couleur ocre rouge et se dénude au fur et à mesure qu’on se rapproche du parking. Ailleurs la mousse jaune se mêle à une autre mousse grisâtre, presque extra-terrestre d’aspect, ou est-ce la même sous d’autres aspects ? En tous cas le tableau est saisissant et impressionniste.

Ailleurs la mousse jaune se mêle à une autre mousse grisâtre, presque extra-terrestre

Depuis Hveravellir la piste continue plein nord avec la plaine qui se déroule à l’est, la route elle continue sur les points hauts, une série de cairns s’alignent sur la droite, probablement ceux placés à l’origine de la route qui étaient destinés à guider les voyageurs en hiver sans repère dans l’immensité de neige.

Cap au nord

Après avoir parcouru une trentaine de kilomètres à nouveau, le lac Blöndulon se dévoile petit à petit dans son immensité. Plus loin un point de vue surélevé après le refuge d’Afangafell permet de l’admirer : plus de dix kilomètres de long sur autant de large ! D’un bleu-gris acier entre la couche de nuages et le sol foncé de lave, l’ensemble donne froid dans le dos, la température locale et le vent soufflant y sont aussi de la partie…

Une table d’orientation situe les sommets voisins à l’horizon à 25 km, un panneau explicatif explique que ce lac de 57 km² est le premier d’une chaine de lacs reliés en cascade par des tunnels, canaux et barrages pour une capacité de 400 milliards de litres, qui aboutissent à la centrale hydro-électrique de Blanda à des dizaines de kilomètres d’ici…
Blanda est en fait le nom de la rivière issue du lac mais qui s’est trouvée privée des eaux issues du réseau des lacs, et retrouve son cours à la sortie de la centrale.

La route longe le réservoir puis passe sur une digue immense au nord et slalome entre les lacs aux noms typiques : Thistika, Fridmundavötn…jusqu’à la centrale de Blanda.

Et là…miracle : le retour de l’asphalte ! Depuis deux jours on y était plus habitués et ça fait drôle de ne plus être ballottés, avoir à déjouer les nids de poules, tôle ondulée, etc…La route amorce un large virage en descente et comme un avion nous plongeons dans le canyon de la rivière Blanda, pour rejoindre plus loin la RN1 qui ceinture l’île.

Le troll de Hvitserkur 

Un détour par la baie de Hunafloi pour revoir le rocher de Hvitserkur : c’est une formation de lave en forme d’arche de 15 m de haut, à l’écart de la côte que la mythologie locale attribue à un troll pétrifié au lever du soleil alors qu’il était occupé à lancer des pierres sur le monastère de Þingeyrar.

Le troll de Hvitserkur : un animal qui se désaltère ?

Plus géologiquement, il s’agit d’une coulée ancienne de lave qui s’est ensuite solidifiée dans un tranchée de terrains meubles ; l’érosion a lessivé les terres en laissant la coulée en arche, comme une fonderie à moule perdu…

Le rocher est de lave noire maculé de blanc par le guano des oiseaux, avec des taches et des trainées, on peut y accéder au pied à marée basse. A y regarder de plus près il semble fait non pas de lave coulée mais que celle-ci s’est solidifiée en formant des blocs comme des briques empilées. Quelques touffes d’herbes chapeautent le sommet comme une coiffure et des oiseaux nichent sur le géant pétrifié.

Au loin le fond de la baie de Hunafloi est une grande étendue sablonneuse noire, estuaire d’alluvions apportées par les fleuves depuis les glaciers au centre de l’île.

La baie immense avec Hvitserkur  à gauche

Fin de l’étape vers Varmalid, plus exactement à la guesthouse Steinstadir, un gite aménagé dans une ancienne école à 15km de là. En quittant la RN1 au hameau de Varmalid, la route s’enfonce dans une vallée, un paysage agricole de vastes prairies vertes avec des chevaux islandais typiques, même les constructions modernes reprennent le style ancien de plusieurs petites bâtisses accolées plus faciles à chauffer et à construire qu’autrefois car le bois étant rare on ne pouvait faire de grandes charpentes.

Ferme islandaise à l’ancienne

Les sommets des montagnes sont noyés dans les nuages bas, un hameau à gauche avec sa petite église, une maison cubique avec le drapeau « Farmholidays » : le gite est là, nous sommes arrivés.

Eglise à Varmalid

Une sacrée étape sur cet autre monde… Qui aurait crû que les déserts abritaient tant de couleurs ? Et on n’est pas au bout de nos surprises…

De Kerlingarfjöll à Varmalid