4. L’Islande en hiver : cascades, plage et canyon

Départ de l’hôtel Fljótshlíð à Hvolsvöllur (ouf…) sous le mont Hekla, non, il n’y a pas eu d’éruption pendant la nuit…
Au fait savez-vous qu’en cas d’éruption tous les portables GSM sont alertés automatiquement dans la région ? Les islandais ont appris à se méfier des dégâts des volcans depuis longtemps.
Byron disait « On ne peut pas vivre avec les femmes ni sans elles », c’est un peu pareil pour les islandais et les volcans, ils ont appris à vivre avec, à en tirer bénéfice et à vivre en symbiose…
La route s’étire mollement toute droite, bordée de poteaux jaunes, repères utiles qu’on appréciera dans la neige, tout en longeant la côte.

Seljalandfoss

Seljalandfoss vue du parking

Enfin on atteint la cascade de Seljalandfoss qui se jette depuis le haut d’une falaise, à un jet de pierre de la route. Peu de monde en hiver mais c’est un site couru car facile d’accès et spectaculaire. On peut s’approcher très près de la chute d’eau, et même passer derrière par un sentier pour rejoindre l’autre rive.
Mais…nous sommes en hiver et la brumisation de l’eau s’est déposée partout et a gelé consciencieusement , transformant le trajet final en patinoire. Heureusement avec nos crampons on parvient à gravir le sentier, avec une vue splendide sur la cascade se profilant sur la plaine.

La chute d’eau dans le bassin

On passe facilement derrière la chute d’eau qui se jette dans un bassin avant de se transformer en ruisseau. Le spectacle du rideau d’eau est splendide vu de l’arrière, on a l’impression d’être dans un film d’aventure où l’on va chercher un trésor…
Le trésor ici c’est la vue à travers le rideau changeant de l’eau qui descend de la falaise au gré du courant et du vent.

Derrière la cascade

Ce que nous ignorons, c’est qu’il y a une cascade spectaculaire et secrète mais bien cachée à deux pas de là…dans une grotte ! On la découvrira à notre prochaine visite, l’Islande se mérite et se découvre petit à petit, alors dans un prochain article, qui sait ?

Seljalandfoss de l’autre côté

Skogafoss

A peine quelques kilomètres plus loin et tout aussi proche de la RN1 (à croire qu’ils ont tracé la route en fonction des sites touristiques…), se visite une autre cascade près du village de Skogar.
Au fait Seljalandfoss, Skogafoss et Gullfoss avant-hier ça ne vous dit rien ? Foss ? Eh bien « foss » en islandais signifie cascade, donc parler de la cascade de Skogafoss est peu redondant mais on va faire avec…

Skogafoss est tout aussi proche de la route donc une halte facile pour les touristes, de même elle se jette de 60m du haut d’une falaise en un rideau grondant et brumeux. On peut s’approcher à quelques mètres à condition de ne pas craindre l’humidité et qui sait, trouverez-vous le coffre avec un trésor qui aurait été jeté dedans, selon la légende ? On aurait même retrouvé une des poignées visible au musée de Skogar…

Arc en ciel à Skogafoss

Avec un peu de chance, un rayon de soleil irise la brume de la chute d’eau et provoque un bel arc en ciel ; c’est le cas aujourd’hui !
Pour les plus courageux, un long escalier permet de gravir la falaise à côté de la chute et d’avoir de beaux points de vue en contrebas ; plus loin le sentier continue et permet de rejoindre le Landmannalaugar en 3 jours par des refuges, si le cœur vous en dit ?

Tout en longeant l’océan Atlantique nord, la route rectiligne nous amène près d’une curiosité naturelle et volcanique (of course), l’arche de Dyrhólaey. Un promontoire surélevé offre une vue d’un côté sur la côte et de l’autre sur la longue plage noire de Reynisfjara au pied de la montagne Reynisfjall , avec son monolithe qui semble construit de blocs de basaltes assemblés mais doit être un neck volcanique, c’est à dire le vestige figé d’une cheminée de lave , l’érosion ayant dégagé le cône du volcan.

Vue sur la plage de Reynisfjara et son monolithe.

Un peu plus loin on peut descendre sur la plage et dans des petites criques où l’océan se fracasse en vagues grondantes,

Rouleaux se brisant dans une crique.

et où la lave a formé un pont de blocs de basalte enchevêtrés.

Pont de lave

Le promontoire héberge un phare et protège la petite ville de Vík í Mýrdal avec sa petite église iconique plantée sur la colline qui domine la ville, enfin plutôt un gros village avec moins de 300 habitants, mais à l’échelle de l’Islande c’est presque une ville.

Il faut savoir qu’il y a environ 360 000 habitants en Islande dont 130 000 pour Reykjavik et son agglomération, il reste 230 000 habitants sur 100 000 km², soit 2 habitants environ par km²…

Vík í Mýrdal

La plage de galets de Vik n’incite pas à la baignade, mais plus à la contemplation et offre le spectacle de pitons de lave figés en mer : les Reynisdrangar. Selon les légendes islandaises, il s’agirait de trolls venus en mer s’emparer d’un bateau et qui auraient été figés en pierre au lever du soleil…Ce sont en fait des vestiges des pans de la falaise actuelle de Reynisfjall qui a reculé.

Les trolls de Vik ou Reynisdrangar.

La mythologie islandaise est pleine de personnages fantastiques, trolls, sorcières, farfadet et elfes. Ces derniers vivraient dans des rochers et on a même détourné une route pour ne pas les déranger… 60% des Islandais croient en l’existence du « peuple invisible ». On ne rêve pas, ou plutôt…
Et comme la langue islandaise est très ancienne et a peu évolué de part son isolement, savez-vous comment on traduit « un ordinateur » en islandais ? Une « sorcière qui compte ».

De l’autre côté, une plage de sable noir immaculée et vide s’étend jusqu’à l’horizon, battue par les vagues où l’écume s’étale.
Spectacle impressionnant de vide, de calme et de simplicité ; cette plage a été classée par un magazine comme une des 10 plus belles au monde…

Plage de Vik, une des 10 plus belles au monde…

Pour terminer la journée, nous quittons la route du bord de mer pour nous enfoncer dans les contreforts des montagnes voisines vers des gorges impressionnantes.

Fjaðrárgljúfur

Prononcez-le ?

Les gorges de Fjaðrárgljúfur sont une curiosité car comme tranchées au couteau dans la montagne environnante, très abruptes, elles sont comme un canyon atteignant près de 100m de profondeur par endroits sur 2km de long, formé par l’érosion depuis un lac à la suite du retrait des glaciers.

Le sentier d’accès monte depuis le petit parking près du pont pour aboutir au bord dominant le canyon. Le spectacle est saisissant avec le torrent courant au fond de la gorge, dans la roche rouge et jaune saupoudrée de neige.

La gorge atteint 100m de profondeur par endroits

Quelques promontoires permettent des points de vue plongeants à condition de faire attention aux faux pas ! Le spectacle change à chaque pas au soleil couchant sur la mer.

Vue de l’autre côté des gorges.

Nous logeons à l’hôtel Geirland dans un petit chalet à côté du village au nom imprononçable de Kirkjubaejarklaustur.
Le plus long nom de village au monde ?

Précédent : 3.Expédition Landmannalaugar

Suite : 5.L’Islande en hiver : rester de glace