6. L’Islande en hiver : de Vik à Reykjavik

Encore une histoire de “Vik” ? C’est la traduction d’une baie, une anse en islandais pour tout vous dire… Reykjavik étant la “baie des fumées” nommée ainsi par les vikings à cause des vapeurs des sources chaudes.

Premières neiges

Jusqu’à présent nous avons bénéficié d’un temps clair voire ensoleillé même si le thermomètre reste aux alentours de zéro degré, mais ce matin au réveil dans notre cabane islandaise, surprise : il a neigé ! Surprise pour nous, mais c’est chose courante ici, à se rappeler la hauteur de neige au Landmanalaugar, voire même en été en plein juillet où nous avons eu un peu de neige au cœur du pays en 2015 !

Ma cabane en Islande.

Après le déjeuner typique islandais, fruits, charcuterie fromage, poisson fumé, pâté et légumes frais ; oui car les islandais en sont fiers, les cultures sous serres chauffées par géothermie sont importantes ici. Sans oublier la variété de pains offerts et le reste…

Il a neigé sur la lagune.

On ne résiste pas au plaisir de refaire un passage au Jokûlsarlon tellement c’est beau et captivant, de plus il se met à tomber une petite neige fine qui poudroie les icebergs.

Cristal de glace saupoudré de neige sur sable noir.

Sans oublier la plage attenante, avec son sable noir, les icebergs sur la grève et l’écume blanche qui s’étire, c’est de toute beauté !

Diamants de glace sur écrin de sable noir

Demi-tour définitif vers la capitale en faisant la route en sens inverse le long de la côte, route et paysages enneigés à présent. Un détour pour voir un autre lagon glaciaire moins connu et fréquenté que le Jokûlsarlon, c’est le Svínafellsjökull où le glacier vêle des icebergs dans un lac mais qui n’est pas ouvert à la mer. Paysage désert avec la couche de neige qui adoucit tous les contours en une atmosphère assourdie. Revenus en été au même endroit, nous avons eu du mal à le reconnaitre …

Langue glaciaire

Au parc de Skaftafell, décidés à faire une randonnée, nous apprenons que les sentiers sont fermés à cause de la glace ; tant pis nous nous rattraperons grandement en l’arpentant durant notre visite l’été suivant…Un autre voyage ?

Éclaircie au parc de Skaftafell.

Jokulhlaup 

Au passage d’un grand pont enjambant le large lit d’une rivière, une sculpture moderne ? Non, c’est l’œuvre de la nature…destructrice !
Il y a des volcans en activité sous les glaciers , parfois sous 1000m de glace, et lors d’une éruption sous-glaciaire, la caldéra (cuvette) du volcan se remplir d’eau, et cède finalement provoquant un flot dévastateur jusqu’à la mer, flot de boue, rochers, glace, certains blocs de la taille d’un autobus !
Ceci est donc les vestiges de poutrelles métalliques tordues !

Vestiges de poutrelles métalliques

Rien ne résiste à ce tsunami terrestre que les islandais appellent « Jokulhlaup » qui emporte tout sur son passage, route, pont, maisons ; de ce fait les volcans les plus dangereux sont sous surveillance permanente, spécialement sous les glaciers.

Des manifestations volcaniques récentes en mémoire sont celles de l’Eyjafjallajokull en 2010, qui a perturbé le trafic aérien mondial et couvert de cendres la côte sud de l’Islande : prairies, maisons, animaux et hommes, ou encore l’éruption spectaculaire du Bárðarbunga en 2014.
Mais en 1783, une faille de 27km avec 120 volcans s’est ouverte au Laki, vomissant laves, cendres et gaz sulfureux pendant plusieurs mois, qui ont intoxiqué l’Islande et l’Europe et couvert le ciel pendant plusieurs années, amenant disette, famine et mort.
On considère que c’est une des causes de la révolution française des années plus tard…

Les paysages sont très différents de l’aller sous la neige et cela rompt la monotonie de repasser par la même route. A proximité, quelques chevaux islandais regardent passer les voitures, à défaut de trains…ou de trouver de l’herbe. Ils sont assez sauvages et s’éloignent en général si l’on s’approche.
C’est une race à part entière, importé par les Vikings il y a 1000 ans, et qui a 5 allures de marche au lieu de 4 généralement. La race est protégée, à tel point que si un cheval quitte l’Islande, il ne pourra plus y revenir, pas plus qu’un cheval étranger ne peut être importé en Islande.

Cheval islandais.

Vik

Nous revenons à Vik, notre étape du jour. Les « Trolls » montent toujours la garde en mer ainsi que la petite église au toit rouge qui veille sur la bourgade du sommet de sa colline.
L’hôtel donne sur la plage et propose un « hot-pot », c’est-à-dire un sauna chauffé…extérieur ! Il vaut mieux ne pas trainer entre le vestiaire et l’eau, surtout en sortant…

Hot-pot islandais et ses habitants…

Dernière étape

Au réveil, le lendemain matin à Vik, le ciel est sombre, chargé de nuages de mauvais augure, le spectacle à notre fenêtre est en noir est blanc : une étendue de neige coupée par une sombre haie squelettique et un ciel en dégradé de gris laissant présager du mauvais temps à venir.

Depuis ma fenêtre ce matin à Vik.

Sur la plage de Vik, un matin d’hiver…

En partant, nous faisons halte sur la plage de Vik avec la vue sur les trolls de Reynisdrangar pour contempler le spectacle contrasté de la neige sur le sable noir . Les oiseaux qui nichent dans la falaise crient en un concert assourdissant, les vagues de l’océan grondent répétitivement sans relâche, personne sur la plage, ça serait étonnant de bon matin avec le temps qu’il fait…

8h00 sur la plage de Vik en hiver…

Il est 8h00 du matin.
Je réalise que je suis sur l’une des dix plus belles plages au monde.
Seul.
Les pieds dans la neige…
Étonnant, non ?

Spectacle en noir et blanc à perte de vue d’un côté et de l’autre, rien à voir avec le paysage d’il y a deux jours au même endroit.

Une des plus belles plages au monde, sous la neige…

La route reprend…derrière un chasse-neige, c’est dire qu’il doit y en avoir une bonne épaisseur sur la route, pour remonter sur le plateau avec le phare qui domine Vik. On le contourne pour obliquer à présent vers la plage de Reynisfjara, la plage aperçue d’en haut il y a deux jours et qui s’étend depuis l’arche de Dyrolahey à Reynisfjall.

La plage de Reynisfjara

Cette plage est aussi très connue et visitée habituellement par les touristes, c’est ici aussi que se déroulent les scènes finales du film Noé, l’arche ayant touché terre lorsqu’il se retire en solitaire dans une grotte.

Orgues basaltiques à Reynisfjara.

Le site est à couper le souffle, avec d’un côté la montagne plongeant dans l’océan, les « trolls » en mer et un pan d’orgues basaltiques de plusieurs dizaines de mètres de haut, se pliant en gerbes pour former le porche de la grotte.

Le solitaire sur la plage de Reynisfjara.

De l’autre côté, la plage est une étendue de galets noirs de toutes tailles qui se déroule jusqu’à la limite de l’horizon : c’est l’arche de Dyrhólaey.

La plage de Reynisfjara. et l’arche de Dyrhólaey.

Les vagues de l’Atlantique déferlent sur le rivage, le tout sous un ciel de plomb, laissant presque présager comme un cyclone…
Un fin grésil se met à tomber pour ajouter une touche de blanc sur le tableau.

Ciel de tempête sur la plage de Reynisfjara.

Ne serait-ce le temps, on resterait là à contempler ce paysage incroyable mais après m’être fait copieusement douché, perché sur un rocher, par une vague plus forte que les autres, l’intermède « plage » est… à l’eau.
A moitié trempé, l’appareil photo idem, mais sans trop de dégâts dans l’ensemble, heureusement les voitures ont l’option siège chauffant…
On regagne la route en direction de Reykjavik en se calant entre les deux rangées de poteaux jaunes de chaque côté de la route -qui prouvent maintenant leur utilité-, la circulation est quasi nulle.
Il est d’ailleurs possible sur le site de la DDE islandaise de visualiser une multitude de points sur le réseau routier de l’île, avec webcam des deux côtés et sur la route, température, vent et comptage des véhicules de la journée…très pratique pour planifier sa route.

Route d’hiver en Islande.

Retour à la « civilisation » avec l’arrivée à Reykjavik, routes à 4 voies, trafic et circulation ; on en avait perdu l’habitude dans les hautes terres et en s’éloignant de la capitale.

Retour à Reykjavik.

Terminus : Blue Lagoon

Et cerise sur le gâteau pour terminer : séance relaxation au Blue Lagoon ; à la nuit tombée, sans la foule, dans les eaux chaudes, bleutées et fumantes des bassins, au milieu des blocs de lave noirs, rehaussés par un feston de silice blanche sur le pourtour.
L’eau est chaude, l’air est frais, on se relaxe…

Et il se mit à neiger.

Reykjavik, ISLANDE.

Mars 2014