Voyage en enfer
Réveil au camp de Kerlingarfjöll, nous sommes en plein milieu de l’Islande dans notre chalet miniature, arrivés de Reykjavik la veille…
Le plafond nuageux est si bas qu’on ne sait pas si c’est les nuages qui sont descendus ou le brouillard qui est monté…
Le petit déjeuner est servi dans l’autre bâtiment où se situe la salle commune et l’accueil : cérémonie des chaussures à l’entrée, comme c’est la coutume dans tous les pays nordiques, et premier déjeuner islandais avec charcuterie, fromage, skyr (yaourt épais aux fruits), pains maison, confiture etc…
Rien que du calorique tout ce qu’il nous faut pour notre expédition du jour ! Il y a déjà plusieurs personnes de tous âges, même avec des enfants en bas âge, ou des personnes d’un certain âge, comme quoi on trouve de tout dans ce bout du monde au milieu du pays…
Avant de partir, je demande à la gardienne le chemin pour se rendre sur la zone géothermique avec ma carte ; elle me dit :” I have a better one ! ” (J’en ai une bien meilleure !), et me donne une carte détaillée des environs. Le site est à 2h de marche environ ou 1/4h en voiture ; le choix est vite fait vu notre emploi du temps chargé pour la journée et la météo bouchée.
La piste démarre juste derrière le campement et monte carrément sur la crête de la colline, mais la vue est très limitée à quelques mètres par le brouillard épais. On espère que le temps va se lever par la suite…en naviguant à vue et suivant les rares panneaux, on descend, remonte pour traverser dans un creux une zone neigeuse, a moitié fondue avec des ornières de boue de 25 à 30 cm tracée entre deux pans de neige de 1 m de haut !!!
Pas question donc de passer à côté…Donc, passage du Land Rover en boite courte, petite vitesse et en avant ! Sur le côté et en diagonale pour ne pas avoir les 4 roues dans les ornières, ça patine un peu mais ça passe !
Laborieusement et lentement, on continue de gravir les pentes pour finalement arriver sur un plateau désertique avec un abri-refuge caractéristique en Islande en « V » inversé, la piste s’arrête un peu plus loin, barrée par des lourds blocs de pierre, personne d’autre…
Dès qu’on arrête le moteur et descend de voiture, on entend un souffle et des bruits irréguliers, comme des « ploups » de temps en temps.
A quelques mètres du parking le sol est perforé de trous d’où s’échappe de la vapeur et l’odeur sulfurée ne fait aucun doute, on voit quelques évents colorés de gris, où la vapeur soufrée changée en acide sulfurique a transformé la lave en glaise grisâtre, et d’autres zones colorées en jaunes-orange et rouge avec des dépôts de souffre ou de rhyolite.
Les montagnes de la femme troll
C’est en effet la traduction de Kerlingarfjöll, femme troll qui devait être la sœur du géant Surtur dans la mythologie nordique…Un jour elle n’est pas rentrée à l’abri avant le lever du jour et a été transformée en pierre comme tous les trolls, mais vous le savez déjà probablement…
A proximité du glacier de Höfsjokull, haut de 600m à 800m, le massif de Kerlingarfjöll a été formé par des éruptions sub-glaciaires à la fin de l’âge de glace.
La rhyolite (roche volcanique orangée typique d’éruption sous la glace) et la caldera (cuvette volcanique) témoignent d’un volcan central, éteint depuis des milliers d’années, certaines rhyolites sont recouvertes de lave ce qui est assez rare.
Le sentier se poursuit après les panneaux explicatifs et file droit, pile sur la crête de la colline vers l’inconnu ; à droite on entrevoit dans le brouillard une rivière qui serpente entre des versants colorés et enneigés.
Le site se dévoile soudain hors de la brume, avec ses fumerolles et ses colorations caractéristiques. Juste après, un escalier à pic taillé à flanc de montagne plonge dans la vallée avec ses vapeurs incertaines et ses bruits inquiétants dans la brume.
Bienvenue en enfer !
Le site est impressionnant par ses vues à pic et ses palettes de couleurs même atténuées par la brume, ce qui le rend encore plus mystérieux car on ne les découvre que par à coups. Les paquets de neige donnent une allure fantasmagorique en plus, avec quelques traces de verdure presque incongrues dans ce décor apocalyptique.
Tel Dante accompagné de Virgile, notre descente aux enfers commence donc, depuis la crête vers le fond de la vallée encaissée et dans le brouillard ; brouillard ou fumerolles ? La descente se fait précautionneusement par l’escalier taillé dans la rhyolite orange, comme une lave recuite et érodée, très friable et glissante par temps de pluie.
Une fois arrivés au niveau de la rivière, on est entourés de jets fumants, projetant de la vapeur, la rivière elle-même semble fumer par endroits et bouillonner au milieu de la neige ; les versants des collines sont colorés de l’ocre à l’orange en passant par le jaune, du gris au mauve en passant par le bleu, l’eau elle-même passe par toutes les variations de bleus.
Sans parler du bruit incessant des jets de vapeurs et bouillonnements de tous les côtés comme des machines à vapeur discordantes et des odeurs sulfurées qui planent dans l’air !
Plusieurs ruisseaux parcourent les gorges du site, des pontons en bois permettent de passer d’une rive à l’autre, et des sentiers tracés permettent de le parcourir ; il faut éviter de s’en écarter car on n’est jamais sûr de la température et de la résistance du sol à un pas près, comme des jets de vapeurs ou des mares de boues mijotent lentement, au contraire des flaques d’eau bouillantes couvertes de bulles pressées qui parsèment le fond et les versants avoisinants.
Au voisinage de certaines fumerolles, des dépôts de souffre et cristallisations semblent comme les croutes de la palette d’un peintre géant – peut être encore un troll mythologique – avec des jaunes, rouges, bleus, gris…
Il est difficile de rendre l’ambiance de l’endroit, et de restituer les impressions tant il y a à voir et entendre !
Une autre partie de la vallée s’atteint par le passage d’un pontet en bois, un immense névé neigeux est encore là malgré les fumerolles bouillantes à quelques mètres la température ambiante n’est pas chaude.
Cette partie est plutôt l’ocre foncé de la rhyolite avec tous ses dégradés, aux versants veinés de marron foncé, gris. Une fois la montée bourbeuse franchie, un point de vue sur le confluent des vallées en bas et sur l’autre versant, raviné et coloré comme dessinant un tableau abstrait tout en dégradé de couleurs, “grandeur nature”.
Tout en continuant le long de la crête d’une colline, la vue sur le versant opposé est totalement différente : la paroi est entièrement couverte de fissures d’où s’échappent des solfatares, le sol est coloré de dégradés de marron, de jaune, d’ocre, de gris, de bleus.
C’est l’opposé de l’autre versant autant il est calme et reposant, d’une teinte unie en dégradé, autant ce côté est tourmenté, balafré par les ravines et fumerolles, aux couleurs chatoyantes et variées, aux reliefs perturbés.
Comme incongru dans ce paysage perturbé, un dôme de rhyolite presque parfait tranche de ce côté du site. De plus l’atmosphère irréelle est renforcée par le brouillard ambiant et le plafond bas qui tend à donner un aspect mystérieux et dantesque à tout le paysage.
Les fumerolles redoublent d’activité par moment ou s’amenuisent à des rythmes imprévisibles rendant la vue tantôt dégagée, tantôt bouchée. Par endroit les minéraux issus des fumerolles déposent tantôt des cristallisations superbes telle une palette de peintre desséchée, ailleurs c’est la boue desséchée qui forme comme une mosaïque antique colorée et assemblée.
Une fois parvenu au bout du sentier suivant la crête, on rebrousse chemin et redécouvre ces merveilles de part et d’autre vues sous un autre angle et toujours aussi fantastiques, mystérieuses et impressionnantes.
Comme je suis seul sur la cime entre les deux versants antagonistes, le calme et l’unité de couleur face à la débauche d’énergie et de teintes j’en profite pour faire un panorama à 360° (Cliquer sur l’image ci-dessous pour visualiser).
Redescente vers les ruisseaux par le même itinéraire incertain, boueux et enneigé, décors de rhyolite orangée, sols gris de plomb, fumerolles et cristallisations, traversée de la rivière fumante et bouillonnante, pour finir par l’escalade interminable de l’escalier vers le plateau final : un vrai itinéraire digne de Bilbo le Hobbit en route pour le Mordor !
Le plafond des nuages et du brouillard s’est enfin un peu levé et dévoile mieux les parois des vallées avoisinantes avec leurs teintes et dégradés magnifiques dont nous sommes encore les seuls à jouir.
Peu de verdure dans ce monde minéral mais quelques traces quand même d’une végétation spécifique et qui a su s’adapter à ces conditions extrêmes : on trouve des mousses spécifiques à l’activité géothermique ainsi que des lichens qui ajoutent une faible touche de vert au paysage.
Depuis le parking sur le plateau, d’en haut on remarque que les fumerolles et sites géothermiques ne se limitent pas au fond de la vallée mais s’étendent aussi sur les flancs et sommets alentours suivants de lignes à peu près régulières, les failles sismiques probablement. Le Land Rover nous attend sagement alors que les voitures commencent à arriver : tant mieux, nous avons pu profiter de tout le site de Kerlingarfjöll pour nous seuls dans une ambiance mystérieuse et unique…
Il y a quand même quelques notes de verdures et de rares fleurs qui survivent dans cet environnement rude et désertique, comme la silène acaule typique avec sa coupe « en boule » et les dryades qui survivent dans les cailloux et éboulis.
Retour au camp par la route avec une visibilité meilleure, la vue est dégagée à présent sur la vallée plate qui se dévoile mais le ciel est toujours plombé. Le refuge dans son écrin d’oasis verdoyante et le site grandiose et mystérieux valent bien le détour depuis la piste de Kjöllur !
Hveravellir, « le champ des sources chaudes »
Même si les pistes de l’intérieur de l’Islande sont bien moins fréquentées, on fait des drôles de rencontres, de drôles de véhicules. Que ce soit des marcheurs avec leur paquetage en plein désert de cailloux à des dizaines de kilomètres de nulle part, des cyclistes sous la pluie battante voir même un marcheur qui tirait son paquetage sur une remorque, et des bus surélevés à toute allure.
Ici c’est une « coccinelle » VW qui passe devant nous à un arrêt photo, un petit coucou, elle est passée : ce sont des allemands venus avec leur propre voiture, probablement à travers le Danemark et par ferry via les iles Féroé jusqu’à la côte est, un sacré périple !
Depuis Kerlingarfjöll nous rejoignons la piste Kjöllur en déroulant le chemin à l’envers jusqu’à la piste vers le nord pour l’étape vers Varmalid en fin de journée. La route continue vers le nord toujours ondulant dans une plaine désertique brune de cailloux avec de rares touffes de végétation. De loin en loin On aperçoit la forme caractéristique en cône des volcans classiques ou même de volcans « boucliers » moins pointus et plus avachis, ainsi que le glacier Langjökull qui se profile à l’horizon vers l’ouest.
Après une trentaine de kilomètres se présente le carrefour vers Hveravellir. C’est un autre site géothermique et une halte sur l’axe sud-nord. On y trouve aussi un refuge et un camping comme à Kerlingarfjöll mais beaucoup plus fréquenté car plus accessible depuis le nord, à deux pas de la piste principale, et surtout un petit bassin d’eau provenant d’une source chaude où l’on peut se tremper en toutes saisons. De nombreuses randonnées sont possibles autour du campement ce qui en fait un point assez fréquenté, même s’il y a moins de monde que dans le cercle d’or.
Le champ des sources chaudes
Une des premières choses qu’on rencontre, c’est un monument symbolisant deux cœurs en pierre dans une cage de fer et de roc, à la mémoire d’un hors la loi, Eyvindur, qui vécut avec sa femme dans ce désert de pierre, s’abritant dans une faille qu’il avait aménagée à côté de la source chaude. Il fallait vraiment en vouloir pour s’exiler dans un tel coin perdu…
Le parcours commence autour du bassin d’eau chaude où pataugent de nombreux touristes malgré le temps frais et pluvieux : ils sont une douzaine dans le bain ! Attention ce n’est pas une piscine, juste un bassin de 4-5m de diamètre, si l’envie de vous tremper vous prend et qu’un car de touristes vient d’arriver, c’est manqué !
Des passerelles de bois parcourent le site de Hveravellir et permettent de franchir les marécages sans abimer la flore…
…et mènent aux premières cuvettes bouillonnantes et fumerolles très actives, ici pas d’odeurs soufrées il s’agit uniquement et heureusement que de vapeur d’eau mais très chaude !
Autour des bassins se sont déposées de concrétions typiques de l’endroit et originales de geysérite en plaque fines et concentriques qui rappellent un peu les dépôts de calcite dans les bassins des grottes souterraines.
Il y a notamment une petite vasque bleutée nommée Blahver, avec les concrétions s’étageant en pile d’assiettes qui est de toute beauté ! Un fin dépôt blanc s’est aussi solidifié vers la surface de l’eau qui semble si fragile qu’un coup de vent pourrait le casser…
Plus loin un évent pyramidal qui porte le doux nom de Öskursholsver, « la source qui crie », s’est construit sur une pile de couches de geysérite et émet de la vapeur à un rythme discontinu comme une respiration en tournant suivant le vent.
Ailleurs une autre vasque bleue fume doucement, enchâssée dans de fines couches de minéraux blancs et ocres qui se sont déposés et surplombent la surface de l’eau. Cela semble si fragile et en suspension qu’on se retiendrait presque de respirer ! Heureusement ces constructions sont assez protégées par le cheminement sur les passerelles aménagées en bois entre les vasques et évents.
En s’engageant sur un des sentiers qui s’enfonce dans les champs de lave alentours, à peu de distance la végétation reprend place, preuve qu’il y a de l’eau et un sol fertile et l’on a une vue globale du site avec ses trainées de vapeur à l’horizon. La sente serpente dans la lave irrégulière jusqu’à une antique bergerie semi-enterrée restaurée avec son toit de gazon- dommage que la tôle ne soit pas entièrement masquée-, ses murs de lave et son intérieur austère et rustique.
Toujours dans le désert du champ de lave, à présent très plat et très vert au contraire de Kerlingarfjöll qui est un ancien cratère, il s’agit ici d’un épanchement d’un flot de lave qui s’est solidifié, quelque fois en formant comme des bulles qui ont gonflé et fissuré en se crevant, on les surnomme des « gâteaux », certains formant des cavernes de plusieurs mètres permettant des abris naturels.
Rien d’autre sur des kilomètres carrés, à l’horizon des montagnes enneigées qui bordent l’extrémité nord du glacier qu’on a longé depuis hier, qui mérite bien son nom de Langjökull, le glacier long. On trouve parfois quelques touffes de fleurs mauves ou blanches, rases et par paquets.
Sporadiquement, des « gâteaux » surgissent ici et là du paysage de lave figée, bombés en un dôme presque parfait et craquelés comme s’ils avaient trop cuit !
Un des plus imposants de ce parcours est nommé Evindarett qui doit bien faire plusieurs dizaines de mètres de diamètre pour une dizaine de mètres de haut ! On raconte que c’est l’ancien parc à moutons du hors-la-loi précédemment cité.
Si vous regardez attentivement, il y a une personne debout à son sommet, cela vous donne l’échelle du gâteau !
La bulle de lave s’est fissurée en son milieu et permet de grimper à l’intérieur entre deux murs de lave jusqu’à son sommet.
De là on domine toute la plaine monotone de lave et la vue porte à des kilomètres à la ronde, jusqu’à Hveravellir qu’on reconnait à son agitation par rapport au calme d’ici…
Un petit panoramique sur la morne plaine mais qui a son charme et c’est retour vers Hveravellir sans passer par Strytur, un cratère de volcan qui semble intéressant mais encore assez loin et on doit faire des choix !
Encore de magnifiques « gâteaux » qui parsèment les alentours et dont on ne se lasse pas, un petit cône de lave et c’est le retour par un sentier en boucle qui nous ramène au point de départ.
Qui dit herbe dit moutons en Islande, on n’en verra jamais dans les déserts de pierre mais ici ils ont conquis le terrain et broutent sur le sentier ; tout doucement on les approche, car ils sont assez sauvages pour les photographier, à pas de… loup ! Et c’est la débandade…la plupart du temps par trois, il y a une brebis et ses deux agneaux des années précédentes, même s’ils sont d’un fort beau gabarit, ils la suivent encore comme leur ombre.
Plus on se rapproche du site géothermique, les vapeurs et fumerolles jaillissent du sol, ainsi que des sources de chaleur qui émanent de failles entre les rochers.
Autour de ces points chauds la végétation s’est concentrée et diffère des herbes et des mousses du champ de lave. Une multitude de petites fleurs mauves et rases, c’est du thym arctique, eh oui il pousse du thym sous ces latitudes, moins fort en parfum mais thym quand même, une espèce parmi plus de 300 !
Ici la mousse a pris une curieuse teinte jaunâtre sans doute adaptée au régime chaud et sulfuré à proximité des évents provenant du sous-sol, le sol est devenu couleur ocre rouge et se dénude au fur et à mesure qu’on se rapproche du parking. Ailleurs la mousse jaune se mêle à une autre mousse grisâtre, presque extra-terrestre d’aspect, ou est-ce la même sous d’autres aspects ? En tous cas le tableau est saisissant et impressionniste.
Depuis Hveravellir la piste continue plein nord avec la plaine qui se déroule à l’est, la route elle continue sur les points hauts, une série de cairns s’alignent sur la droite, probablement ceux placés à l’origine de la route qui étaient destinés à guider les voyageurs en hiver sans repère dans l’immensité de neige.
Cap au nord
Après avoir parcouru une trentaine de kilomètres à nouveau, le lac Blöndulon se dévoile petit à petit dans son immensité. Plus loin un point de vue surélevé après le refuge d’Afangafell permet de l’admirer : plus de dix kilomètres de long sur autant de large ! D’un bleu-gris acier entre la couche de nuages et le sol foncé de lave, l’ensemble donne froid dans le dos, la température locale et le vent soufflant y sont aussi de la partie…
Une table d’orientation situe les sommets voisins à l’horizon à 25 km, un panneau explicatif explique que ce lac de 57 km² est le premier d’une chaine de lacs reliés en cascade par des tunnels, canaux et barrages pour une capacité de 400 milliards de litres, qui aboutissent à la centrale hydro-électrique de Blanda à des dizaines de kilomètres d’ici…
Blanda est en fait le nom de la rivière issue du lac mais qui s’est trouvée privée des eaux issues du réseau des lacs, et retrouve son cours à la sortie de la centrale.
La route longe le réservoir puis passe sur une digue immense au nord et slalome entre les lacs aux noms typiques : Thistika, Fridmundavötn…jusqu’à la centrale de Blanda.
Et là…miracle : le retour de l’asphalte ! Depuis deux jours on y était plus habitués et ça fait drôle de ne plus être ballottés, avoir à déjouer les nids de poules, tôle ondulée, etc…La route amorce un large virage en descente et comme un avion nous plongeons dans le canyon de la rivière Blanda, pour rejoindre plus loin la RN1 qui ceinture l’île.
Le troll de Hvitserkur
Un détour par la baie de Hunafloi pour revoir le rocher de Hvitserkur : c’est une formation de lave en forme d’arche de 15 m de haut, à l’écart de la côte que la mythologie locale attribue à un troll pétrifié au lever du soleil alors qu’il était occupé à lancer des pierres sur le monastère de Þingeyrar.
Plus géologiquement, il s’agit d’une coulée ancienne de lave qui s’est ensuite solidifiée dans un tranchée de terrains meubles ; l’érosion a lessivé les terres en laissant la coulée en arche, comme une fonderie à moule perdu…
Le rocher est de lave noire maculé de blanc par le guano des oiseaux, avec des taches et des trainées, on peut y accéder au pied à marée basse. A y regarder de plus près il semble fait non pas de lave coulée mais que celle-ci s’est solidifiée en formant des blocs comme des briques empilées. Quelques touffes d’herbes chapeautent le sommet comme une coiffure et des oiseaux nichent sur le géant pétrifié.
Au loin le fond de la baie de Hunafloi est une grande étendue sablonneuse noire, estuaire d’alluvions apportées par les fleuves depuis les glaciers au centre de l’île.
Fin de l’étape vers Varmalid, plus exactement à la guesthouse Steinstadir, un gite aménagé dans une ancienne école à 15km de là. En quittant la RN1 au hameau de Varmalid, la route s’enfonce dans une vallée, un paysage agricole de vastes prairies vertes avec des chevaux islandais typiques, même les constructions modernes reprennent le style ancien de plusieurs petites bâtisses accolées plus faciles à chauffer et à construire qu’autrefois car le bois étant rare on ne pouvait faire de grandes charpentes.
Les sommets des montagnes sont noyés dans les nuages bas, un hameau à gauche avec sa petite église, une maison cubique avec le drapeau « Farmholidays » : le gite est là, nous sommes arrivés.
Une sacrée étape sur cet autre monde… Qui aurait crû que les déserts abritaient tant de couleurs ? Et on n’est pas au bout de nos surprises…